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la sœur du détenu politique Alaa Abd El-Fattah demande la grâce présidentielle pour son frère

la sœur du détenu politique Alaa Abd El-Fattah demande la grâce présidentielle pour son frère


Les sœurs d’Alaa Abd El-Fattah, Mona Seif à gauche et Sanaa Seif à droite, aux côtés du secrétaire britannique aux affaires étrangères David Lammy, à Londres, le 18 octobre 2022.

Face à l’inquiétude grandissante sur l’état de santé du détenu politique égypto-britannique Alaa Abd El-Fattah, sa famille tente, par tous les moyens, d’obtenir une preuve de vie du blogueur prodémocratie en danger de mort après sept mois de grève de la faim.

« J’ai déjà soumis une demande [de grâce présidentielle] en juin, et aujourd’hui j’en ai soumis une nouvelle pour réaffirmer mon engagement en faveur de toute voie légale pour régler le sort de mon frère », a affirmé, vendredi 11 novembre, sur Twitter Mona Seif, l’une des sœurs d’Alaa Abd El-Fattah, le détenu politique le plus célèbre d’Egypte qui a passé l’essentiel des neuf dernières années en prison.

Depuis plusieurs jours, ses proches disent redouter qu’il ne soit nourri de force après sept mois à n’avaler qu’un verre de thé et une cuillère de miel par jour avant de cesser de manger il y a une semaine puis de boire dimanche à l’ouverture de la COP27 à Charm El-Cheikh (Egypte).

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La famille d’Alaa Abd El-Fattah répète qu’elle ne sera rassurée qu’une fois qu’il aura été vu par un représentant de l’ambassade britannique ou par l’un de ses proches. Jeudi, l’autorité pénitentiaire a annoncé avoir fait subir au détenu de 40 ans un « traitement médical » et le parquet a ensuite affirmé qu’il était « en bonne santé ».

Sa mère puis l’avocat d’Alaa Abd El-Fattah éconduits de la prison

Sa mère, Laila Soueif, s’est rendue quatre fois cette semaine à sa prison de Wadi Natroun, à 100 kilomètres au nord-ouest du Caire, mais a été à chaque fois éconduite. Jeudi, son avocat Khaled Ali a lui aussi dû rebrousser chemin : son permis dûment délivré par le parquet a été jugé irrecevable par l’autorité pénitentiaire car daté de la veille. Me Ali n’avait pas reçu de permis depuis près de trois ans. Il a été convoqué pour venir le chercher après une intense journée de mobilisation pour Alaa Abd El-Fattah à la COP27.

L’autre sœur d’Alaa Abd El-Fattah, Sanaa Seif, y a tenu deux conférences de presse très suivies. Plusieurs dirigeants occidentaux, dont le chancelier allemand Olaf Scholz et le haut-commissaire des Nations unies (ONU) pour les droits humains Volker Türk, ont réclamé sa libération au président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi.

Mme Seif a appelé l’ONU à organiser une nouvelle conférence de presse à Charm El-Cheikh pour « qu’elle puisse demander une grâce présidentielle pour son frère », a fait savoir vendredi soir Khaled Ali sur Facebook.

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Lors de sa première conférence à la COP27, la réalisatrice, elle-même ancienne détenue politique, avait été prise à partie par un député pro-Sissi rapidement expulsé par la sécurité de l’ONU – ce qui a provoqué une levée de boucliers de l’establishment en Egypte.

Alaa Abd El-Fattah, le 11 novembre 2014, au Caire.

Un groupe d’experts indépendants travaillant pour l’ONU a exhorté Le Caire à libérer le détenu égypto-britannique. « L’emprisonnement d’Alaa Abd El-Fattah et son calvaire ne peuvent pas devenir l’image de la COP27 », ont-il avancé.

Biden rencontre le président égyptien Al-Sissi

Vendredi, c’était au tour du président américain Joe Biden de s’adresser aux 40 000 participants à la COP27. Quelques heures avant la demande de grâce présidentielle formulée par Mme Seif, le président américain a rencontré M. Sissi et « a souligné l’importance des droits de l’Homme et du respect des libertés fondamentales. M. Biden a également salué, à ses côtés devant la presse, la réactivation de la commission des grâces présidentielles en avril dans le pays, régulièrement pointé du doigt par les défenseurs des droits humains.

En sommeil depuis plusieurs années, cette commission a permis en sept mois la libération 766 détenus politiques, selon Amnesty International. L’ONG ajoute toutefois que sur la même période, 1 540 Egyptiens ont été incarcérés pour délit d’opinion – pour certains tout justes libérés par décret présidentiel.

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Depuis que l’ex-maréchal Sissi a pris le pouvoir en 2013 en renversant le président islamiste Mohamed Morsi, la répression, d’abord des islamistes, a muselé l’ensemble de l’opposition et de la société civile, tandis que les médias indépendants se faisaient de plus en plus rares.

Appel à manifester puis arrestations

Les réseaux sociaux, eux, peuvent s’avérer dangereux, comme près de 200 Egyptiens déférés à la justice militaire viennent d’en faire les frais, selon les ONG. Alors qu’un mystérieux appel à manifester vendredi apparaissait en ligne il y a trois semaines, les arrestations ont débuté.

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Vendredi même, la police quadrillait le centre du Caire, où se trouve la place Tahrir, épicentre de la « révolution » de 2011 dont Alaa Abd El-Fattah est devenu l’une des icônes. Des hommes en civils fouillaient les téléphones de jeunes à moto ou de passants, tandis que leurs collègues en uniforme barraient certaines rues.

Aucun manifestant n’est finalement sorti mais des camions de police étaient stationnés sur les ponts menant au centre de la mégalopole de plus de 20 millions d’habitants, tandis que les rideaux des cafés étaient restés baissés.

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Le Monde avec AFP



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