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la revanche d’Anwar Ibrahim, ancien opposant au long cours

la revanche d’Anwar Ibrahim, ancien opposant au long cours


Le nouveau premier ministre malais, Anwar Ibrahim, lors d’une conférence de presse dans ses bureaux à Putrajaya, le 25 novembre 2022.

Nommé premier ministre le 24 novembre, par le roi Abdullah, le monarque constitutionnel de la fédération malaisienne, Anwar Ibrahim tient sa revanche : il aura fallu vingt ans de combats politiques, dont une dizaine passés en prison, pour que ce Malais musulman, âgé de 75 ans, champion du mouvement reformasi qui prône depuis les années 2000 une Malaisie multiculturelle et plus inclusive, accède à Putrajaya, le siège du gouvernement, au sud de Kuala Lumpur.

Le sultan de Pahang – l’un des neuf sultans qui se succèdent tous les cinq ans à la tête de l’Etat – a confié à M. Anwar la mission de former un « gouvernement d’unité » en l’absence de majorité parmi les trois grandes coalitions en lice au sortir des élections du 19 novembre. Celle de M. Anwar, appelée la « coalition de l’espoir » (Pakatan Harapan), première en nombre de sièges, a bénéficié du ralliement de l’Organisation nationale de l’unité des Malais (UMNO), le parti dirigeant historique, ainsi que de partis de l’île de Bornéo. Le nouveau premier ministre a indiqué sa volonté de soumettre son futur gouvernement à un vote de confiance, le 19 décembre.

Anwar va devoir mener ce pays multiethnique de 33 millions d’habitants, ex- « bébé tigre » de l’économie mondiale aujourd’hui en crise de croissance (la Malaisie figure au 6e rang des dix économies du Sud-Est asiatique), au-delà de l’ère de la gabegie à grande échelle et des perpétuels retournements d’alliance (deux premiers ministres se sont succédé pendant le Covid). Les deux figures emblématiques des cinq années qui s’achèvent sont désormais hors-jeu : Najib Razak, l’ex-premier ministre accusé d’avoir détourné de l’argent du fonds souverain est en prison depuis août. Et Mahathir, 97 ans, l’ex-autocrate des années 1981 à 2003, revenu au pouvoir entre 2018 et 2020 après avoir rallié l’opposition, et donc le camp de M. Anwar, avant leur rupture, n’a remporté aucun siège.

Grand nettoyage

Les défis qui se posent à M. Anwar sont de taille : mener le grand nettoyage de l’ère UMNO réclamé par son électorat tout en composant avec ce partenaire obligé pour gouverner, et ses courants. Le chef actuel de l’UMNO, Ahmad ­Zahid Hamidi, favorable au ralliement à Anwar, est ­contesté au sein même de son parti. Il est aussi sous le coup de plusieurs procédures judiciaires pour abus de confiance, corruption et blanchiment d’argent.

Lire aussi l’archive (2021) : Article réservé à nos abonnés En Malaisie, le retour aux affaires du parti UMNO

Son mouvement veut rendre plus juste le système de discrimination positive qui avantage l’ethnie malaise

L’autre promesse au long cours de la « reformasi » est de rendre plus juste le système de discrimination positive qui avantage l’ethnie malaise, majoritaire, au détriment des communautés chinoise (23 % de la population) et indienne (7 %) et nourrit la corruption et l’incompétence. Or, toute une partie de l’électorat a manifesté sa réticence en accordant un nombre de sièges record (49, soit le meilleur score pour un seul parti) à une formation fondamentaliste, le Parti islamique panmalaisien (PAS), qui milite pour le renforcement de la Charia, le droit musulman. Le PAS appartient à la coalition menée par l’ex-premier ministre Muhyiddin (2020-2021), désormais dans l’opposition.

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