in

« La résolution des crises bancaires par des fusions pourrait provoquer des catastrophes »

« La résolution des crises bancaires par des fusions pourrait provoquer des catastrophes »



En Suisse, l’Union des banques suisses a absorbé le Credit Suisse, qui se trouvait en situation de crise. Cette opération a été soutenue à la fois par la Banque nationale suisse et par le gouvernement, qui a voté une loi d’exception en urgence. Le total des bilans des deux banques dépasse les 1 400 milliards de francs suisses, soit plus de deux fois le PNB du pays. Le Credit Suisse était considéré comme « too big to fail » (trop gros pour qu’on le laisse faire faillite), mais on peut se demander si le nouveau géant ne serait pas désormais « too big to save » (trop gros pour être sauvé).

Cependant, si l’état exceptionnellement prospère des finances publiques suisses suggère que le risque est faible, d’autres pays pourraient être confrontés à des catastrophes financières, économiques et politiques en tentant de résoudre les crises bancaires par des fusions conduisant à des géants incontrôlables. L’exemple de la crise austro-allemande de 1931 doit être gardé en mémoire.

Au début de mai 1931, le Creditanstalt, première banque autrichienne, était au bord du dépôt de bilan. En absorbant en quelques années trois de ses principales concurrentes en difficulté, elle était devenue, de loin, la première banque du pays, et son bilan représentait plus de la moitié du PNB autrichien. De ces fusions, elle a hérité de créances douteuses considérables, qu’elle a dissimulées en surévaluant des participations industrielles non cotées.

Un plan de sauvetage organisé par le gouvernement, la banque centrale et ses principaux actionnaires ainsi que par la banque Rothschild lui a apporté 160 millions de shillings autrichiens de l’époque, alors que les pertes déclarées s’élevaient à 140 millions pour un capital de 125 millions. Malheureusement, le plan n’était pas suffisant et a empiré la situation : la ruée des déposants s’est aggravée avec une fuite des capitaux, les Autrichiens et les déposants étrangers craignant que la banque centrale n’ait recours à l’inflation pour sauver le système bancaire et suspendre l’étalon-or. Malgré le prêt de 150 millions de la Banque d’Angleterre, relayé par un emprunt international organisé par Paribas, les sorties de capitaux se sont poursuivies à un rythme de 20 millions par jour.

Les difficultés allemandes étaient pires : comme en Autriche, les banques universelles étaient devenues trop grandes à la suite de multiples fusions dans les années 1920 et leur solvabilité était incertaine. Elles étaient également très dépendantes de dépôts étrangers à court terme.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Réforme des retraites: les blocages universitaires continuent en France, des partiels annulés

Leila Bekhti : Une actrice talentueuse et engagée