La situation au Parisien est de plus en plus tendue, alors que la société des journalistes (SDJ), ainsi que les syndicats SNJ-CGT et SGJ-FO ont appelé à une nouvelle assemblée générale, suite à celle du jeudi 30 mars. Cette dernière a en effet réuni un nombre de participants particulièrement important, près de 262 personnes présentes en ligne et dans la salle « Hub jardin » du groupe Les Echos-Le Parisien, témoignant du malaise qui s’est installé au sein de la rédaction. Les membres de la SDJ des Echos ont également pris la parole pour témoigner leur solidarité, après l’éviction brutale de leur patron, Nicolas Barré, et la mainmise présumée de Bernard Arnault, PDG de LVMH, qui détient les quotidiens du groupe Les Echos-Le Parisien.
Suite à cette assemblée générale, les journalistes ont finalement décidé d’envoyer un « message d’alerte » à la direction plutôt qu’une motion de défiance. Celui-ci dénonce le franchissement de « lignes rouges » par la direction de la rédaction, en particulier avec une sous-exposition de la couverture du mouvement social sur les retraites. Cependant, les critiques portent également sur la ligne éditoriale favorable à l’exécutif et de moins en moins politiquement neutre, qui soulève des inquiétudes pour le respect du pluralisme et de l’indépendance du titre vis-à-vis de toute pression politique, économique ou idéologique. Pour remédier à cette situation, les journalistes demandent une clarification de la ligne éditoriale du Parisien et souhaitent rencontrer la direction afin de pouvoir exercer leur métier sereinement. La suppression des éditoriaux et la création d’un comité d’indépendance éditoriale figurent parmi les propositions de la SDJ.
Avant l’assemblée générale, le directeur de la rédaction, Nicolas Charbonneau, s’est adressé aux journalistes dans un courriel, se disant prêt à discuter avec la nouvelle SDJ. Il a reconnu les inquiétudes et les doutes qui secouent actuellement la rédaction, tout en défendant son bilan. Cependant, certains représentants syndicaux ont accusé Nicolas Charbonneau d’avoir trappé des sujets ou interdit des enquêtes, ce qu’il a nié en affirmant qu’il lui est déjà arrivé de ne pas dire « ok » à un sujet, mais qu’il en discute toujours avec les journalistes. Pourtant, pour un représentant syndical joint par Le Monde, Nicolas Charbonneau « joue avec les mots » et fait un déni de réalité.
En somme, la rédaction du Parisien traverse actuellement une crise majeure. Si les journalistes ont décidé de ne pas voter une motion de défiance, il est clair que la situation est critique, et que des mesures doivent être rapidement mises en place pour préserver l’indépendance éditoriale du titre et permettre aux journalistes d’exercer leur profession de manière sereine.