La façon dont la police française a traité les supporteurs lors de la finale, le 28 mai, de la Ligue des champions aux abords du Stade de France, à Saint-Denis, émaillée d’incidents avant et après le match, relève d’une « agression criminelle ». C’est la conclusion d’un rapport indépendant britannique publié lundi 17 octobre.
Ce rapport a été rédigé par Phil Scraton, professeur de droit de la Queen’s University de Belfast, qui avait déjà dirigé une enquête après la catastrophe de Hillsborough, en 1989, qui avait coûté la vie à 97 supporteurs de Liverpool après des mouvements de foule. Il liste les comportements violents et arbitraires des forces de l’ordre contre les supporteurs.
« Les charges continues et aléatoires de la police sur les supporteurs et l’utilisation de gaz lacrymogène injustifié sur des hommes, des femmes et des enfants coincés dans des espaces très exigus, étaient un comportement inconscient et dangereux. Cela constitue une agression criminelle », peut-on lire. « L’incapacité continue à gérer la foule a sérieusement mis en danger la santé et le bien-être des supporteurs », poursuit le rapport qui souligne que seule l’expérience que certains supporteurs des Reds avaient eue à Hillsborough et leur retenue ont permis au bilan de ne pas se compter en morts.
Venus voir la finale de la Ligue des champions entre Liverpool et le Real Madrid, les fans des Reds s’étaient retrouvés coincés par des goulets d’étranglement mis en place par la police qui a ensuite fait un usage massif de gaz lacrymogène. Le coup d’envoi du match avait dû être reporté de plus d’une demi-heure en raison des incidents autour du stade.
« Tactiques agressives de la police »
Alors que des personnalités gouvernementales avaient montré du doigt les supporteurs anglais comme responsables, un rapport du Sénat avait, au contraire, jugé en juillet que le chaos autour de l’enceinte constituait un « échec » imputable aux « décisions » des autorités locales. « Il ressort clairement des témoignages que les supporteurs ont été mis en danger par les tactiques agressives de la police, des mesures de sécurité inefficaces et l’absence de mise en place d’un plan de gestion globale de la sûreté du stade basé sur des principes d’évaluation des risques », pointe encore le rapport britannique.
Paris avait obtenu en février l’organisation de la finale après que l’UEFA l’avait retirée à Saint-Pétersbourg en raison de l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
Le Stade de France doit accueillir en 2023 des matchs de la Coupe du monde de rugby ainsi que des épreuves lors des Jeux olympiques de 2024.