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La mort du cycliste Jean Bobet, « l’homme au masque de frère »

La mort du cycliste Jean Bobet, « l’homme au masque de frère »


« J’ai été un coureur cycliste particulier », estimait le cadet, Jean, né en 1930, cinq ans après son frère, Louison. « D’abord, j’étais une curiosité que l’on qualifiait d’intellectuel. C’était écrit sur ma figure : je portais des lunettes. Et puis, j’étais le frère de l’autre. C’était écrit partout : Louison Bobet était LE champion. »

Jean Bobet, que l’écrivain Antoine Blondin surnomma « l’homme au masque de frère », s’est éteint à l’âge de 92 ans, a annoncé samedi l’Union nationale des cyclistes professionnels (UNCP), dont il fut l’un des fondateurs.

Vainqueur de Paris-Nice en 1955, troisième de Milan-Sanremo la même année, Jean Bobet mena une carrière des plus honorables, assortie de deux participations au Tour de France (14e en 1955, 15e en 1957) et de trois au Giro, avant de raccrocher, en 1959.

« Je nourrissais beaucoup plus d’états d’âme que je ne comptais de succès », reconnaissait-il toutefois dans l’un des livres, une douzaine, qu’il écrivit avec élégance (il obtint le Grand Prix de la littérature sportive), finesse et précision.

« Il est la grande victime du Tour »

Après sa carrière, il s’orienta vers le journalisme (L’Equipe, RTL, dont il dirigea le service des sports) et fut même pressenti un temps pour diriger le Tour de France. Mais il ne résista pas à l’appel de son frère, qui s’était lancé dans la thalassothérapie.

Après le décès de Louison, en 1983, Jean Bobet était devenu le gardien de la mémoire du champion breton. Aussi vigilant que lorsqu’il éconduisit le philosophe et critique littéraire Roland Barthes, au soir de l’étape du Ventoux du Tour 1955, en lui fermant la porte de la chambre. « Après le travail d’équipier sur la route, je m’attelais à un autre boulot à l’arrivée, celui de chien de garde attaché à la protection rapprochée du champion. »

Dans son ouvrage le plus célèbre, Mythologies, Barthes évoque d’ailleurs le frère de celui qu’il qualifiait de « héros prométhéen » : « Le double de Louison en est aussi le négatif ; il est la grande victime du Tour. Il doit à son aîné le sacrifice total de sa personne, en frère. Ce coureur souffre d’une grosse infirmité : il pense. »

Lire aussi : Le panache de Louison Bobet

Le Monde avec AFP



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