Pas de gendarmes, pas de festivals à l’été 2024. Rima Abdul-Malak, la ministre de la culture, a tenté de calmer les esprits après la déclaration du ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, qui avait consterné les responsables de festivals. Ce dernier avait affirmé, lors d’une audition au Sénat le 25 octobre, qu’en raison de la mobilisation massive des forces de l’ordre pendant la période des Jeux olympiques (JO) en 2024, des événements culturels devraient être « annulés » ou « reportés ». Les représentants des plus gros festivals (plus de 100 000 spectateurs) ont été reçus, mercredi 2 novembre, par la ministre de la culture pour essayer de trouver des solutions.
Mais elle a eu beau rappeler que les festivals constituaient « l’ADN » de la France et reconnaître que « la présentation par son confrère pouvait entraîner des confusions sur l’intérêt du gouvernement » pour la culture, « la ministre, malgré sa bonne volonté, n’a apporté ni solution ni réponse », déplore Stéphane Krasniewski, vice-président du Syndicat des musiques actuelles (SMA) et directeur du festival Les Suds à Arles (Bouches-du-Rhône).
Où trouver des forces de l’ordre ? Selon Gérald Darmanin, les JO vont mobiliser « en moyenne environ 30 000 policiers et gendarmes par jour ». Les JO auront lieu du 26 juillet au 11 août 2024, le passage de la flamme dans près de 600 villes commencera à partir du 23 juin, et les Jeux paralympiques sont prévus du 28 août au 8 septembre. Sans compter les 80 ans de la Libération de Paris, la célébration des débarquements en Normandie et en Provence et, de mi-juin à mi-juillet, l’organisation de fan zones en France pour le championnat d’Europe de football en Allemagne.
« Ce n’est ni précis ni rassurant »
En vue d’une réunion interministérielle, Rima Abdul-Malak a demandé d’évaluer « au cas par cas » et en lien avec les préfets l’impact du manque de forces de l’ordre, mais aussi des équipes de secours et de sécurité privée sur chaque festival. Quitte à envisager une diminution du format ou des changements de dates. Elle n’a pas exclu non plus, dans le pire des cas, certaines annulations. « Ce n’est ni précis ni rassurant. Pourquoi les Olympiades culturelles pourront-elles exister s’il faut pour cela annuler les festivals, le cœur battant de la culture qui fonctionne chaque été ? », se demande Aurélie Foucher, déléguée générale du syndicat professionnel des producteurs, festivals, ensembles, diffuseurs indépendants de musique (Profedim).
Tiago Rodrigues, directeur du Festival d’Avignon, juge « inacceptable et insoutenable que les Jeux olympiques puissent amener à l’annulation d’événements culturels ». Ce serait, à ses yeux, « une blague de très mauvais goût, contraire à l’esprit des JO, qui reviendrait à bafouer l’exception culturelle française et faire acte d’anti-décentralisation ». Vincent Moisselin, directeur du Syndicat national des entreprises artistiques et culturelles (Syndeac), souligne aussi que « tous les publics n’ont pas l’intention d’aller aux Jeux olympiques, d’où l’intérêt de garantir une offre diversifiée des activités culturelles ».
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