Au début de l’année, la Reserve fédérale américaine (Fed, banque centrale) espérait encore un atterrissage en douceur de l’économie, un recul de l’inflation sans passer par la case récession. Elle n’y croit plus elle-même, depuis qu’est survenue, à la mi-mars, la faillite de la Silicon Valley Bank, victime de sa mauvaise gestion et de la hausse des taux.
C’est ce qui ressort des minutes de sa réunion des 21 et 22 mars, publiées mercredi 12 avril. « Compte tenu… des développements récents du secteur bancaire », les services internes de la Fed prévoient « une légère récession commençant plus tard cette année, avec une reprise au cours des deux années suivantes », peut-on lire dans le compte rendu. Dès le 22 mars, la banque centrale avait mis en garde sur la crise bancaire, la jugeant « susceptible d’entraîner un resserrement des conditions de crédit pour les ménages et les entreprises et de peser sur l’activité économique, l’embauche et l’inflation ».
Dans ce contexte, n’est-il pas temps d’arrêter d’appuyer sur les freins de l’économie et de cesser de remonter les taux ? Depuis mars 2022, l’institution présidée par Jerome Powell a fait bondir le loyer de l’argent de zéro à plus de 4,75 %, une hausse d’une rapidité sans précédent, et elle envisage un nouveau relèvement d’un quart de point à l’issue de son prochain comité de politique monétaire les 2 et 3 mai.
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Après la faillite de la Silicon Valley Bank, le spectre d’une nouvelle crise financière
Cette décision fait l’objet de débats publics entre membres de la Fed, qui ne savent pas jusqu’où frapper pour éradiquer l’inflation. Mais le ton reste très dur, la banque centrale préférant en faire trop que pas assez. « La vigueur de l’économie et les chiffres élevés de l’inflation suggèrent qu’il reste du travail à faire », a déclaré mercredi la présidente de la Fed de San Francisco, Mary Daly. La veille, John Williams, à la tête de celle de New York, avait estimé qu’une autre hausse des taux était un « point de départ raisonnable ». Plus modéré, le patron de la Fed de Chicago, Austan Goolsbee a appelé à prendre en compte le contexte financier : « Nous devons être prudents. Nous devrions recueillir d’autres données et faire attention à ne pas relever les taux de manière trop agressive. »
Eradiquer l’inflation qui se situe désormais dans les services
L’ennui, c’est que les chiffres macroéconomiques parus pour le mois de mars sont rassurants, mais encore insuffisants. L’inflation aux Etats-Unis est retombée en mars à 5 % sur un an, soit son plus bas niveau depuis mai 2021, a annoncé, mercredi, le Bureau of Labor Statistics. Le recul depuis le pic de 9,1 % atteint en juin 202