La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a rejeté, jeudi 4 août, la demande de suspension de la mesure d’expulsion vers le Maroc d’Hassan Iquioussen, un imam officiant en France, a fait savoir la CEDH dans un communiqué. Le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, avait annoncé la semaine dernière l’expulsion à venir de ce prédicateur de nationalité marocaine. Réputé proche des Frères musulmans, il est accusé par les autorités françaises d’avoir lancé des appels à la haine et à la violence visant notamment la communauté juive.
La Cour rejette la demande de suspension de la mesure d’expulsion de M. Iquioussen vers le Maroc… https://t.co/FXsD03S3gq
La cour, qui siège à Strasbourg, avait été saisie mercredi par l’intéressé au titre de l’article 39 de son règlement qui lui permet d’ordonner aux Etats des « mesures provisoires » lorsque les requérants sont exposés à « un risque réel de dommages irréparables ». Hassan Iquioussen invoquait les dispositions de la convention européenne des droits de l’homme sur l’interdiction de la torture et des traitements inhumains et dégradants, le droit au respect de la vie privée et familiale, à la liberté de pensée, de conscience et de religion ou encore à la liberté d’expression.
Le Maroc pour destination
Selon la CEDH, Gérald Darmanin a pris, vendredi, un arrêté d’expulsion de cet imam, lui retirant son titre de séjour, ainsi qu’un second arrêté désignant le Maroc comme pays de destination. « En raison de la gravité de la menace pour l’ordre public, le ministre estimait qu’il n’était pas porté une atteinte disproportionnée à son droit à une vie familiale », explique la CEDH.
Gérald Darmanin a, de nouveau, justifié l’expulsion de cet imam, jeudi sur CNews, jugeant que ce dernier avait tenu « des propos ouvertement antisémites, ouvertement xénophobes, ouvertement homophobes, ouvertement anti-femmes ». Il « n’a rien à faire sur le sol national », a insisté le ministre de l’intérieur. Le Maroc, avait-il annoncé mardi, a délivré un « laissez-passer consulaire » pour « expulser manu militari » Hassan Iquioussen, qui vit dans le Nord et est inscrit, selon lui, au « FPR », le fichier des personnes recherchées.
Ce prédicateur est très actif sur les réseaux sociaux, notamment sur sa chaîne YouTube, suivie par 169 000 personnes, et sur sa page Facebook aux 42 000 abonnés. Né en France, à Denain, et vivant près de Valenciennes, Hassan Iquioussen, âgé de 57 ans, avait décidé, à sa majorité, toujours selon M. Darmanin, de ne pas opter pour la nationalité française. Lui affirme y avoir renoncé à 16 ans sous l’influence de son père – de nationalité française –, et avoir ensuite tenté en vain de l’obtenir.