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« La Coupe du monde au Qatar est comme n’importe quel événement sportif dans le monde »

« La Coupe du monde au Qatar est comme n’importe quel événement sportif dans le monde »


Le ministre des affaires étrangères du Qatar, Mohammed Ben Abderrahmane Al-Thani, s’adresse aux médias à Berlin, le 4 mars 2020.

Mohammed Ben Abderrahmane Al-Thani est le ministre des affaires étrangères du Qatar, pays organisateur de la prochaine coupe du monde de football. Il s’exprime dans cette interview, réalisée jeudi 3 novembre à Paris, sur les multiples critiques dont l’émirat est l’objet à deux semaines du début de la compétition.

Comment réagissez-vous aux appels au boycott du Mondial qui se multiplient ces derniers temps ?

Les raisons avancées pour boycotter la Coupe du monde ne tiennent pas la route. Il y a beaucoup d’hypocrisie dans ces attaques, qui passent sous silence tout ce que nous avons accompli. Elles sont colportées par un tout petit nombre de personnes, dans dix pays tout au plus, qui ne sont pas du tout représentatifs du reste de la planète. C’est franchement malheureux. La réalité, c’est que le monde attend cette célébration avec impatience. Plus de 97 % des tickets ont été vendus. Parmi les dix pays qui ont acheté le plus de billets, on trouve des pays européens comme la France.

Depuis l’attribution de la Coupe du monde au Qatar, en 2010, les conditions de travail des ouvriers se sont améliorées. Mais la principale réforme, l’abolition de la « kafala » (un système qui enchaîne les travailleurs à leur patron et qui peut dégénérer en travail forcé), est intervenue en 2020, alors que la plupart des infrastructures étaient terminées. Pourquoi avoir attendu si longtemps ?

Nous avons reconnu les problèmes concernant le bien-être des ouvriers. Nous avons même invité les ONG à venir observer notre système. Nous avons parcouru un long chemin pour remanier notre législation. De telles réformes demandent du temps. Cela vaut pour n’importe quel pays, ce n’est pas propre au Qatar. Bien sûr, il y a encore des failles et nous sommes déterminés à y remédier. Mais pourquoi imputer systématiquement ces problèmes à notre gouvernement, alors qu’en Europe, au moindre incident, c’est l’entreprise qui est mise en cause ? Pourquoi ce deux poids, deux mesures ? Je pense que certaines personnes n’acceptent pas qu’un petit pays du Moyen-Orient accueille un tel événement planétaire.

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Les ouvriers morts dans la préparation du Mondial constituent un autre sujet de critique récurrent. Les ONG parlent de milliers de morts, alors que votre gouvernement ne reconnaît officiellement que trois morts, uniquement sur les chantiers des stades. Pourquoi ne dispose-t-on toujours pas de statistiques précises, couvrant les décès sur l’ensemble des constructions liées au Mondial ?

Chaque décès est une tragédie. Au Qatar, nous collectons et publions les chiffres de la mortalité chaque année, avec des distinctions par âge, genre, causes du décès et type d’emploi. Bien entendu, la majorité de ces décès ne sont pas liés au travail. Ils reflètent le profil démographique du Qatar, qui a une population très diverse. Nous sommes en train de passer ces données en revue pour obtenir le chiffre exact des morts du travail. Ce qui est clair, c’est que les chiffres cités par les médias sont faux ou fallacieux.

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