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la CGT quitte la table des négociations avec TotalEnergies et dénonce une « mascarade »

la CGT quitte la table des négociations avec TotalEnergies et dénonce une « mascarade »


Grévistes à l’entrée d’une raffinerie TotalEnergies, à Dunkerque, en France, le 13 octobre 2022.

Après environ six heures de réunions, les négociateurs de la CGT ont quitté vers 2 heures du matin vendredi 14 octobre les discussions entre les syndicats et la direction de TotalEnergies, insatisfaits des propositions d’augmentations salariales faites par le groupe pétrolier.

Il s’agissait des premières négociations salariales depuis le lancement par la CGT le 27 septembre de la grève qui a bloqué les raffineries et dépôts de carburants de TotalEnergies en France, créé une pénurie de carburants et fait tache d’huile sur d’autres secteurs. « Les propositions qui sont sur la table sont largement insuffisantes », a déclaré Alexis Antonioli, secrétaire général CGT de la plate-forme TotalEnergies Normandie, dénonçant une « mascarade ».

Le négociateur a sous-entendu que les syndicats réformistes (CFE-CGC et CFDT) signeraient en revanche un accord : « On pense fortement qu’il y a des organisations syndicales, qui n’appelaient pas à la grève, qui vont être signataires de cet accord en espérant mettre fin au mouvement. » Il a évoqué un « scénario à la Exxon », l’autre groupe pétrolier concerné par une grève dans ses deux raffineries françaises, et où les deux syndicats, majoritaires, ont signé un accord avec la direction, sans la CGT.

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Mais, selon eux, les grévistes des sites TotalEnergies n’accepteront pas lors de votes vendredi l’offre faite par TotalEnergies, soit 5 % d’augmentation générale avec un plancher d’augmentation à 2 000 euros. La CGT dit avoir fait une contre-proposition, qu’elle n’a pas dévoilée. « Ces syndicats-là qui viendraient signer un accord au rabais, ça ne changera rien à la mobilisation, ça ne changera rien à l’état d’esprit et à la détermination des grévistes », a prédit Alexis Antonioli, avant de quitter l’esplanade pour aller dormir.

Les deux négociateurs de la CGT, deuxième syndicat du groupe, ont ajouté que « si jamais la direction a envie de nous recontacter, elle a nos portables. » Du côté de la CFE-CGC, le coordinateur Dominique Convert a indiqué à l’Agence France-Presse (AFP) par texto : « Nous n’avons pas terminé, mais nous sommes bientôt au bout… »

Cinq raffineries sur sept à l’arrêt

Dans les régions Hauts-de-France, en Ile-de-France et dans le Centre-Val-de-Loire, particulièrement touchées par les pénuries créées par les grèves dans les raffineries et dépôts de carburants, les automobilistes ont continué jeudi leur quête d’essence et de diesel, chassant les ravitaillements de camions-citernes et surveillant les applications. Une pénurie qui fait perdre un temps considérable aux professionnels qui dépendent de leur véhicule : transporteurs routiers, artisans, ambulanciers…

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« Depuis quatre ou cinq jours, c’est la catastrophe, s’exclame Françoise Ernst, monitrice d’auto-école à Paris. On ne peut plus travailler. » Les routiers sont « sur le fil du rasoir », dit à l’AFP le secrétaire général de l’Organisation des transporteurs routiers européens, Jean-Marc Rivera. « J’ai des contrats où je dois sortir les poubelles, où je dois honorer des services de prestations de ménage. Et quand on n’a pas d’essence et qu’on a une très grosse tournée, c’est un peu compliqué », raconte Elisabeth Mailhes, autoentrepreneuse dans le nettoyage, qui n’est pas payée si elle n’honore pas ses contrats.

Seule une raffinerie a vu la grève s’arrêter jeudi, celle de Fos-sur-Mer appartenant à Esso-ExxonMobil, groupe où un accord a été trouvé avec certains syndicats mais pas la CGT. Les grévistes de celle de Gravenchon-Port-Jérôme l’ont en revanche reconduite. Cinq raffineries, sur sept en France, restent à l’arrêt, ainsi que plusieurs dépôts dont un immense près de Dunkerque, appartenant à TotalEnergies.

Une grève générale prévue mardi

A 17 heures jeudi, 29,1 % des stations manquaient d’un ou plusieurs carburants, selon le ministère de la transition énergétique, à peine moins que la veille (30,8 %). Dans le Centre-Val de Loire, la proportion monte à 44,7 %.

L’ouverture des négociations, les premières depuis le début de la grève, intervient alors que le climat social s’est tendu après les réquisitions gouvernementales de salariés dans la raffinerie Esso-ExxonMobil de Gravenchon en Normandie, et au dépôt de Flandres de TotalEnergies à Mardyck, près de Dunkerque, pour rouvrir les vannes.

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Ces réquisitions ont « mis le feu aux poudres », selon le patron de la CGT, Philippe Martinez, sur BFM-TV, et une grande grève aura lieu en France mardi 18 octobre, dans de multiples secteurs et chez les fonctionnaires : quatre grands syndicats (CGT, FO, Solidaires, FSU) et plusieurs organisations de jeunesse ont appelé à une journée de mobilisation et de manifestations interprofessionnelles. La SNCF et la RATP seront notamment touchées par la grève, ce qui s’ajoute à un mouvement existant dans des centrales nucléaires.

« Troubles à l’ordre public »

Sur le terrain, les premiers salariés réquisitionnés, forcés de travailler sous peine de sanctions pénales, ont permis de libérer de premiers stocks de carburants par oléoduc (7 000 m3 du dépôt de Gravenchon en Normandie en vingt-quatre heures, selon le gouvernement) et par la route (25 camions-citernes de Dunkerque jeudi), sans encombre.

La préfecture du Nord a fait valoir que les réquisitions avaient été décidées en raison de « troubles à l’ordre public » dans les stations essence, où la longueur des files d’attente, jusqu’à deux kilomètres, a entraîné des frictions, et empêche des professions prioritaires d’accéder aux pompes.

Pour accélérer la reprise, le gouvernement a de nouveau autorisé les camions-citernes à rouler ce week-end, alors que les poids lourds ont normalement interdiction de rouler du samedi 22 heures au dimanche 22 heures.

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Le Monde avec AFP

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