Dans les années 1970, Jacques Moreau était une figure populaire dans le paysage médiatique, et spécifiquement dans le domaine du hockey au Québec. À la radio de CJMS-Radiomutuel et aussi à l’écran de Télé-Métropole (TVA) presque quotidiennement. Il n’avait que 27 ans, crédible, sérieux, personne n’a été surpris qu’il soit choisi au sein de l’équipe de diffusion des matches de la Série du siècle à la radio.
Radio-Canada avait les droits de télévision, ceux de la radio avaient été décrochés par Radiomutuel. Jacques était le descripteur, Rhéaume Brisebois, commentateur, et l’analyste n’était nul autre que Jean Béliveau retraité du jeu depuis 15 mois. Toute une équipe.
Moreau, un perfectionniste acharné, s’était d’abord fait un devoir religieux d’interroger les interprètes afin de bien prononcer de sa voix grave et puissante chacun des noms des Soviétiques. Après les 4 matches disputés au Canada, l’arrivée à Moscou, mi-septembre, avait été marquante, vibrante.
« Entre l’aéroport et le centre-ville de la capitale, il y avait des soldats partout ainsi que de nombreux monuments militaires illustrant la bravoure des Soviétiques. Dans les lieux publics, des femmes accomplissaient des tâches habituellement réservées aux mâles. Plusieurs hommes avaient laissé leur vie ou leur santé dans des guerres, des conflits lointains ou récents », raconte Moreau, se souvenant de tous les instants.
Dès leur inscription à l’hôtel Rossia, un des plus grands de la planète pouvant accueillir plus de 6000 personnes, les membres des médias canadiens ont eu la surprise d’apprendre au comptoir qu’ils seraient deux par chambre.
Jacques s’est retrouvé avec Marc Thibault de La Presse et Jean Béliveau avec le technicien de CJMS. Il était évident pour la plupart qu’ils étaient espionnés, mais on n’avait rien à cacher.
« On avait hâte de sortir, visiter et monter à bord de ce qui était l’un des plus beaux métros du monde. Chaque station était presque un musée. On se savait suivis, mais on en riait. »
Dépaysement total
Quelques semaines auparavant, à l’aréna de Saint-Laurent et au Forum, Jacques Moreau, maintenant âgé de 77 ans, avait été impressionné par l’entraînement et le jeu des Soviétiques. Il avait vite compris cette diversion malhabile que tentaient de créer les visiteurs en laissant croire que le maillon faible de leur équipe était leur gardien de but, le numéro 20, Vladislav Tretiak. Hilarant quand on sait qu’il a été une incroyable vedette dominante pendant toute sa carrière et, surtout, durant cette difficile Série du siècle.
Moreau avait noté le parallèle et les similitudes entre le jeu des Soviétiques et le système déployé au soccer.
« Un jeu de passes en mouvement circulaire basé sur la possession entêtée et incessante de la rondelle. Au lieu de lancer en fond de territoire adverse lorsque les échanges devenaient impossibles comme le faisaient les Canadiens, les disciples d’Anatoli Tarasov passaient ou revenaient dans leur zone afin de garder le contrôle. » Tant que l’adversaire n’a pas la rondelle, tout va, se disaient-ils. Pas de tirs au but inutiles. On lance lorsqu’il y a une véritable chance de compter.
Et la suite
Jacques Moreau, natif de Rouyn, connaît son hockey. À 16 ans, il avait été invité au camp d’entraînement du Canadien junior la même année que son compatriote abitibien Serge Savard.
De retour d’URSS, Jacques n’a jamais crié la victoire du Canada à la fin de la Série du siècle. Le Canada a été chanceux de revenir les bras en l’air avec cette différence d’un seul but. Le grand gagnant est le hockey, dira-t-il, après avoir décrit ces matches à
Moscou directement au-dessus de la loge de Leonid Brejnev, alors le président de l’URSS.
Jacques est rentré au Canada riche d’une expérience extraordinaire, et, dès le lendemain de son retour, il recevait un coup de téléphone de Robert L’Herbier, le grand patron de TVA. Jacques Moreau allait devenir le premier descripteur télé des matches d’une nouvelle équipe de l’Association mondiale… les Nordiques.
Il devait par la suite œuvrer à la description des matches du Canadien à TVA. Pendant 10 ans, il a été annonceur officiel du Grand Prix du Canada. Il a aussi été longtemps l’annonceur maison des Alouettes, et, depuis 25 ans, avec ses fils, il tient un magasin de sport à LaSalle. Il est spécialisé dans le football professionnel et amateur.
Passez le voir un moment où il est moins occupé, vous repartirez notamment avec des anecdotes… de toutes les sortes, racontées dans un français sans faille qui, en passant, avait été hué au Maple Leafs Garden Toronto en 1974. Mais ça, c’est autre chose.
De l’enclave
- Demain à Thurso se tiendra la vigile en l’honneur de Guy Lafleur qui aurait célébré ses 71 ans, mardi. On attend de nombreuses personnalités de la région ainsi que des membres de la famille de Guy décédé il y a déjà 5 mois.
- Oui c’est bel et bien la championne hockeyeuse Marie-Philip Poulin qui est au cœur de la publicité « Biscuit Sourire » de Tim Hortons. Géniale la Beauceronne.
- Scotty Bowman, un p’tit gars de Verdun, célèbre aujourd’hui ses 89 ans. Cinq coupes Stanley avec Montréal, une à Pittsburgh et trois à Detroit. Qui dit mieux ? Personne.
- Jusqu’ici, le plus jeune capitaine d’une équipe de la Ligue nationale aura été Connor McDavid à Edmonton nommé alors qu’il avait 19 ans et 274 jours.
- L’ex-secondeur des Alouettes et d’Ottawa Nicolas Boulay vit une retraite de rêve sur sa ferme près d’Orford, Cantons de l’Est. Il a joué 107 matches dans la Ligue canadienne. Il n’était pas gros, mais il était marteau.
- Le matin, il conseille les pêcheurs, l’après-midi il peut passer la niveleuse sur les chemins et en début de soirée il n’est pas impossible de le voir à la vaisselle. C’est Réal Massé à sa pourvoirie de St-Zénon. À 81 ans, il faut que jeunesse se passe.
- Les Canadiens joueront huit matchs préparatoires dès la semaine prochaine dont quatre contre les Sénateurs.
- À la Cage de la Place Versailles, le 4 octobre, lancement sur livre de Patric Laprade sur la vie de Émile Bouchard (Libre Expression). Émile a marqué l’histoire du Québec et pas seulement dans le domaine du sport.
- Il fait un peu moins de 6 pieds et pèse 275 livres. Comment Daniel Vogelbach des Mets de New York fait-il pour évoluer au premier but avec un surpoids si élevé ? Un phénomène.
- Le plus épatant au sein des recrues du Canadien au tournoi de Buffalo est Owen Beck (18 ans) que l’on compare déjà à Phillip Danault. Beck, un centre, a été un choix de deuxième ronde au dernier repêchage.