Dans sa chronique pour Le Monde, Julien Bouissou analyse la situation actuelle du Fonds Monétaire International (FMI) et son rapport à l’austérité. Alors que cette politique économique a été officiellement abandonnée par l’institution en 2016, elle semble pourtant refaire surface dans les débats actuels.
Le FMI, créé en 1944, avait pour mission de promouvoir la coopération monétaire internationale et de faciliter l’expansion équilibrée du commerce mondial. Son rôle premier était de fournir une assistance financière aux pays qui subissaient des crises économiques, notamment par le biais de plans d’austérité. Cependant, cette politique a suscité de vives critiques et a été remise en question ces dernières années, en particulier en Europe.
En effet, en 2010, le FMI et l’Union européenne ont imposé un programme d’austérité à la Grèce en échange d’un prêt de 110 milliards d’euros. Cette politique a conduit à une réduction drastique des dépenses publiques, une hausse des impôts et une réforme des retraites. Cependant, les résultats ont été désastreux pour le pays, avec une explosion du chômage, une baisse de la croissance et une augmentation de la pauvreté.
À la suite de cette crise, le FMI a réévalué sa position sur l’austérité et a décidé de l’abandonner officiellement en 2016. Le directeur général de l’institution, Christine Lagarde, avait alors déclaré que « l’austérité ne garantit pas la stabilité financière et la croissance économique durable ». Le FMI avait alors adopté une approche plus souple, en mettant l’accent sur la nécessité d’une croissance économique durable et plus inclusive.
Cependant, la question de l’austérité semble de nouveau être au centre des débats actuels concernant le FMI. Cette fois-ci, c’est la pandémie de Covid-19 qui pose de nouveaux défis économiques aux pays du monde entier. Pour répondre à cette crise, le FMI a mis en place un plan de soutien de 1 000 milliards de dollars destiné à aider les pays à faire face aux conséquences économiques de la pandémie. Ce plan implique une augmentation des dépenses publiques par les États, mais certains économistes critiquent cette approche, affirmant qu’elle risque de conduire les pays à une situation de surendettement.
Face à ces critiques, le FMI a tenté de défendre son plan, en soulignant que celui-ci était destiné à fournir un soutien financier aux pays touchés par la crise, plutôt qu’à leur imposer des politiques d’austérité. Le directeur général du FMI, Kristalina Georgieva, a déclaré que « nous ne pouvons pas laisser cette crise devenir une crise de la dette » et a appelé les pays à utiliser les fonds de manière responsable.
L’avenir du FMI semble donc encore incertain, malgré son virage officiellement assumé en 2016. La question de l’austérité reste omniprésente dans les débats économiques actuels, en particulier avec les conséquences économiques de la pandémie. Si le FMI souhaite conserver sa crédibilité et sa légitimité en tant qu’institution de soutien financier, il devra trouver un équilibre entre les politiques budgétaires responsables et les mesures de soutien nécessaires pour faire face à la crise actuelle.