Savez-vous que, dans l’ensemble, les yachts représentent la majeure partie des émissions de CO₂ des milliardaires ? Savez-vous que la flotte des trois cents plus grands super-yachts en activité émet annuellement près de 85 000 tonnes de dioxyde de carbone, soit plus que certains pays ? Savez-vous que selon une étude d’Atmosud réalisée en 2019 dans le port de Nice, un yacht non branché à quai générerait autant de dioxyde d’azote que deux cent cinquante voitures, et autant de particules fines que mille voitures lorsqu’il utilise ses générateurs pour produire l’électricité du bord ?
Pour autant, les super-yachts n’ont jamais autant eu le vent en poupe. Alors que le Monaco Yacht Show vient tranquillement de s’achever [le 1er octobre], le Yacht Club de Monaco réunit sous son pavillon plus de huit cents propriétaires de super-yachts, dont trente-sept des cent plus grands yachts du monde. Et depuis les années 1980, le nombre de super-yachts ne cesse d’augmenter : le nombre de ces bateaux de luxe géants a été multiplié par six dans le monde. Le phénomène s’amplifie.
Il s’amplifie et il est loin d’être anecdotique : les coûts d’entretien sont tels que, selon le sociologue Grégory Salle (Superyachts. Luxe, calme et écocide, Ed. Amsterdam, 2021), les dépenses annuelles concernant les cinq mille à six mille yachts répertoriés dans le monde en 2020 pourraient effacer le montant total des dettes des pays dits en développement !
Les yachts ne sont pas seulement des émetteurs de CO2. D’abord, leurs coûts d’entretien sont pharaoniques, comme on a pu le voir avec la saisie des yachts d’oligarques russes depuis le début de la guerre en Ukraine. Appartenant souvent à des magnats du pétrole et du gaz alliés de Vladimir Poutine, et dont les activités économiques sont climaticides et peu soucieuses des droits humains, des dizaines de yachts, mesurant entre quarante-huit et cent cinquante-six mètres dont la valeur peut dépasser les 600 millions de dollars (environ 604,5 millions d’euros) ont été saisis.
L’impact de l’ancre
Ces saisies ont, à juste titre, révélé l’ampleur de l’indécence, généré de vives réactions face à la démesure de ces produits de luxe et mis en lumière les coûts immenses de leur entretien.
Car si l’on analyse le cycle de vie de ces mégabateaux, depuis leur construction jusqu’à leur destruction en passant par les infrastructures pour les accueillir, l’impact au mouillage et les charges d’hôtellerie, le bilan est terrible.
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