D’un sujet environnemental brûlant à l’autre. Mercredi 2 novembre, quelques jours après les affrontements entre les forces de l’ordre et des opposants à la mégabassine de Sainte-Soline (Deux-Sèvres), le gouvernement s’est penché sur le projet de loi visant à accélérer la construction des six nouveaux réacteurs nucléaires promis par le président de la République, Emmanuel Macron, en février. « Ce n’est pas un texte qui vient modifier la place du nucléaire dans notre mix énergétique », a déclaré d’emblée le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, à la sortie du conseil des ministres, en précisant que pour chaque EPR prévu, « un débat public et deux, voire trois enquêtes publiques » seront organisés. Une façon d’essayer de prendre les devants face à d’éventuelles montées des contestations, au niveau local mais aussi au niveau national.
Le nucléaire sera toujours un sujet très sensible. Peut-être encore un peu plus dans un moment où la question climatique se réinvite à l’agenda, au terme du mois d’octobre le plus chaud jamais mesuré (+ 3,5 °C par rapport aux normales). Depuis plusieurs semaines, les gouvernements de nombreux pays occidentaux font face à des actions ciblées visant à alerter les populations sur le dérèglement climatique. Le 14 octobre, la vidéo montrant deux jeunes militantes jetant de la soupe sur le tableau Les Tournesols de Vincent Van Gogh à la National Gallery de Londres a fait le tour du monde.
Des gestes similaires ont ensuite eu lieu dans plusieurs musées. Le 28 octobre, en début de soirée, quelques militants écologistes de l’ONG Dernière rénovation ont bloqué l’autoroute A6 en région parisienne. Ils ont récidivé, mercredi 2 novembre, sur les voies devant l’Assemblée nationale. Le 31 octobre, un membre du même groupe est monté sur le Panthéon pour mettre le drapeau français en berne, réclamant « la mise en place d’un plan ambitieux de rénovation thermique des bâtiments d’ici à 2040 ».
Dans son ensemble, le gouvernement affiche sa fermeté face à ces formes de « désobéissance civile ». Au sujet du rassemblement interdit de Sainte-Soline, qui mélangeait des opposants pacifistes et d’autres beaucoup plus virulents organisés en black blocs, la première ministre, Elisabeth Borne, a évoqué, mercredi, au Sénat, « des scènes inacceptables et profondément choquantes ». Lundi 31 octobre, le ministre de l’intérieur avait même été jusqu’à parler d’« écoterrorisme ».
Mais les nuances existent au sein de l’exécutif. Tout en s’opposant à cette façon de protester contre des projets qui « permettent à des agriculteurs de nourrir des humains », M. Véran s’est refusé à reprendre le terme d’« écoterrorisme » mercredi. « Il nous revient de plus montrer à la jeunesse ce que nous faisons en faveur de la planète », a-t-il poursuivi. Le qualificatif choisi par M. Darmanin n’a pas plu à une partie de l’aile gauche de la majorité.
Il vous reste 58.68% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.