FRANCE 5 – SAMEDI 24 SEPTEMBRE À 20 H 55 – REPORTAGE
« Comment vit-on dans un village isolé ? » La question, banale de généralité, pourrait s’appliquer à n’importe quel pays. Pour sa rentrée, Ismaël Khelifa, qui présente en alternance le magazine « Echappées belles », la pose aux Marocaines et aux Marocains. Mais pas aux citadins. Uniquement à ceux d’une dizaine de villages particulièrement investis dans leur développement – une originalité bienvenue.
A commencer par Ait Ben Haddou, ksar (village fortifié) du Sud marocain prisé des cinéastes (Ali Baba et les 40 voleurs, avec Fernandel, Lawrence d’Arabie, avec Peter O’Toole). Loubna Mouna, femme pilote qui a créé un salon de thé solidaire avec 44 autres femmes, sert de guide : « L’égalité homme-femme est juste naturelle » au Maroc, assure-t-elle.
Pudeur, bienséance ? Ismaël Khelifa ne l’interroge pas plus sur la condition féminine au Maroc. De même qu’un peu plus loin, dans le souk de Tahanaout, lorsqu’il se remémore son enfance passée en Algérie avec son père, il n’aborde pas la question du Sahara occidental, qui alimente une guerre diplomatique entre le Maroc et l’Algérie.
Gastronomie berbère
Au fil des dialogues, le rôle des femmes apparaît toutefois essentiel. Ainsi avec Zoh Eddiraa, première femme à avoir gravi le mont Toubkal, plus haut sommet du Maroc (4 167 mètres), en 1977, aujourd’hui infirmière et aubergiste. Toujours souriant, le présentateur semble vouloir imprimer sa bienveillance, tant avec les locaux qu’avec les téléspectateurs. Pour ce faire, il se met en scène : chez le barbier, à Tamegroute, aux portes du désert, ou lors d’une séance de poterie. Avec une maladresse assumée. Le sourire devient communicatif à la vue d’un arganier au sud d’Agadir, l’« arbre magique » qui fait monter les chèvres dans les branches – l’argan fait travailler 3 millions de personnes au Maroc.
Et quoi de plus convivial qu’un repas ? La gastronomie occupe ici une place centrale : poissons grillés et huîtres à Oualidia, spot de surf réputé ; petit-déjeuner berbère traditionnel à Imlil ; cuisine du safran à Taliouine, la capitale du condiment ; gâteau aux cerises chez Saïd, agriculteur. A chaque fois, l’accueil est chaleureux, confiant. Entouré de sa jeune épouse, Saïd détaille l’éducation de leurs enfants : « Il y a deux écoles dans le village, une école coranique et une normale. Les enfants vont très tôt à la coranique, puis ils rentrent vers 7 heures, prennent un petit déjeuner et vont à l’école normale. »
Même générosité à Brachoua, où le village revit grâce à un jardinier formateur en permaculture. A Aït Mohamed, Ismaël Khelifa fait connaissance avec un jeune Berbère sur le marché aux bestiaux. Ce dernier va l’inviter sur les hauteurs chez ses parents nomades, sous la tente. Avant un dernier regard sur le désert et ses paysages « vraiment à couper le souffle ». Une vraie échappée belle…
Echappées belles. Maroc, de village en village, de Damien Pourageaux et Yohann Bensoussan (Fr., 2022, 90 min).