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L’Ethiopie n’est officiellement plus en guerre contre elle-même. Après dix jours de négociations en Afrique du Sud, les insurgés tigréens du Front populaire de libération du Tigré (FPLT) et le gouvernement éthiopien se sont engagés, sur le papier, à cesser immédiatement les hostilités. Un accord conclu presque deux ans jour pour jour après le début du conflit, le 4 novembre 2020, mais qui « ne marque pas la fin du processus de paix, plutôt son commencement », a souligné Olusegun Obasanjo, l’envoyé spécial pour la Corne de l’Afrique et médiateur en chef de l’Union africaine (UA).
Au mois de mars, les deux camps avaient déjà convenu d’une « trêve humanitaire » aux contours flous. Mal encadrée, celle-ci avait volé en éclats le 24 août, et les combats avaient repris au Tigré avec une rare intensité. Pendant plus d’une semaine, fin octobre, alors que les deux délégations discutaient à Pretoria, l’armée fédérale éthiopienne a conquis plusieurs villes stratégiques du Tigré, à grand renfort d’artillerie et de frappes aériennes. Un avantage sur le champ de bataille qui a permis au gouvernement de négocier en position de force en Afrique du Sud.
« Nous avons fait d’énormes concessions pour permettre de construire la confiance », a souligné, mercredi, depuis Pretoria, le porte-parole du FPLT, Getachew Reda. Le parti tigréen a notamment accepté « un programme détaillé de désarmement, de démobilisation et de réintégration » de ses combattants dans les trente jours, dans ce qui s’apparente à une reddition. Son bras armé, les Forces de défense tigréennes (TDF), compterait plus de cent mille soldats, selon plusieurs observateurs.
Croisade contre les « saboteurs »
Symbole d’une défaite aussi militaire que politique, le FPLT a dû également se résoudre à gouverner le Tigré de concert avec les autorités fédérales, qui assureront une présence à Makalé, la capitale provinciale, à partir de la semaine prochaine. Outre l’arrêt immédiat des hostilités, l’accord de paix prévoit la restauration des services de base – électricité, télécommunications, banque – dans la région, ainsi qu’un accès libre pour les agences humanitaires, la lutte contre les discours de haine et la mise en place d’un mécanisme de justice transitionnelle.
« Les yeux du monde entier sont tournés vers le respect de cet accord », a insisté Olusegun Obasanjo. Un panel de dix experts de l’Union africaine aura pour mission de vérifier le cessez-le-feu au Tigré pendant une période de six mois.
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