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Le camp s’est vidé en quelques heures. Les 2 100 familles, réfugiées à Rumangabo, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), ont fui dimanche 30 octobre les combats entre l’armée congolaise et les insurgés du Mouvement du 23 mars (M23), une rébellion à dominante tutsi soutenue par le Rwanda, selon les autorités de Kinshasa.
Arrivé il y a quelques mois, Gustave pensait pourtant être en sécurité dans cette bourgade située à 45 km au nord de Goma, la capitale du Nord-Kivu. Comme d’autres, le cultivateur a quitté son village à cause de la guerre et construit un abri de fortune à l’entrée du Parc des Virunga, espérant bénéficier de la protection des gardes de la réserve en cas d’attaque du M23. Mais, depuis l’assaut de fin octobre à Rumangabo, le quadragénaire et ses proches ont dû fuir, à nouveau.
« Même si la situation reste volatile, la zone est passée sous contrôle des rebelles », assurait dimanche Gentil Karabuka, le président de la société civile locale – un regroupement d’associations citoyennes. Le groupe armé, qui avait lancé une nouvelle offensive le 20 octobre, contrôle désormais Rutshuru, la seconde ville de la province du Nord-Kivu ainsi que la cité voisine de Kiwanja, selon Willy Ngoma, le porte-parole militaire des rebelles.
Corridor humanitaire
Alors qu’il avait été défait en 2013, le M23 a repris les armes en décembre 2021 et multiplie, depuis, les attaques dans l’est de la RDC. Mais, cette fois, l’avancée des rebelles est rapide et provoque la panique dans le territoire de Rutshuru. Pas moins de 50 000 personnes ont été déplacées par les combats au cours des onze derniers jours, d’après le secrétariat général des Nations unies, et dix décès ont été enregistrés. L’ONG Médecins sans frontières (MSF) réclame un corridor humanitaire pour évacuer les civils et les blessés.
Au fur et à mesure que leur zone d’influence s’étend, les insurgés assoient leur contrôle sur les importations congolaises en provenance d’Ouganda. Des biens vitaux pour la survie des habitants du Nord-Kivu, dépendants des produits manufacturés étrangers. Vendredi, le poste frontière de Kitagoma a ainsi été pris par le M23. Le deuxième dans la zone depuis la prise de Bunagana, une petite cité commerçante à cheval entre la RDC et l’Ouganda.
« Le sel et la farine sont de plus en plus rares sur les marchés », assure Justin Komayombi, le chef d’une autorité coutumière de Kisigari qui s’inquiète des pénuries agricoles. « Les quelques champs encore accessibles ne suffisent pas à nourrir toute la population », poursuit-il. Selon un rapport du Programme alimentaire mondial (PAM) publié en août, 94 % des ménages du territoire de Rutshuru sont en insécurité alimentaire.
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