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En Ethiopie, la paix semble de nouveau hors de portée. La reprise des hostilités dans le nord du pays, fin août, a fait voler en éclats cinq mois de trêve et lancé la troisième phase d’une interminable guerre civile qui oppose depuis novembre 2020 les insurgés du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF) au gouvernement fédéral. Alors qu’il se disait ouvert aux pourparlers il y a quelques jours encore, le groupe rebelle, dans un communiqué publié mardi 20 septembre, a appelé chaque Tigréen à « se rendre pleinement disponible pour la guerre totale » qu’il mène.
Depuis presque un mois, les combats font rage, l’artillerie gronde et l’aviation frappe. L’émissaire américain Mike Hammer a affirmé vouloir poursuivre les efforts de conciliation à l’occasion de l’assemblée générale des Nations unies, qui a débuté mardi à New York, mais une rencontre secrète organisée par ses soins début septembre à Djibouti a échoué à inverser le cours des choses.
La séquence politique du 14 septembre illustre ce qu’un diplomate européen basé en Ethiopie qualifie de « jeu de dupes des deux côtés ». Ce jour-là, le chef de la diplomatie et vice-premier ministre éthiopien, Demeke Mekonnen, déclare à une délégation européenne en visite à Addis-Abeba que « le gouvernement est engagé dans le processus de paix mené par l’Union africaine et espère que l’Union européenne soutient les efforts visant à mettre fin au conflit de manière pacifique ».
Simultanément, 500 km plus au nord, des drones de l’armée de l’air bombardent Makalé, la capitale du Tigré. La frappe tue dix personnes et en blesse treize autres, selon Fasika Amdeslasie, un chirurgien de l’hôpital Ayder Referral de Makalé. Plus tard dans la journée, sur les réseaux sociaux, l’ambassade d’Ethiopie à Paris fait appel aux dons de la diaspora pour soutenir l’effort de guerre.
Des centaines de blessés chaque jour
Le nord de l’Ethiopie restant largement inaccessible aux médias et aux organisations humanitaires, la communauté internationale se retrouve dans le flou. Mais la violence des combats ne fait guère de doute. Selon des sources humanitaires, les affrontements font chaque jour des centaines de blessés. Les hôpitaux et les morgues débordent.
Le rôle joué par l’Erythrée perturbe la recherche d’un cessez-le-feu. Alliée du premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, et ennemie jurée du TPLF depuis la guerre frontalière de 1998, son armée s’est rendue responsable d’un nombre incalculable de violations des droits humains pendant son occupation du Tigré, il y a deux ans. Il existe « des motifs raisonnables de croire que le gouvernement fédéral et les gouvernements régionaux alliés [principalement l’Erythrée] ont commis et continuent de commettre des crimes contre l’humanité pour des motifs ethniques », indique ainsi un rapport destiné au Conseil des droits de l’homme de l’ONU et rendu public lundi.
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