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en Côte d’Ivoire, les bonnes affaires des boutiquiers mauritaniens

en Côte d’Ivoire, les bonnes affaires des boutiquiers mauritaniens


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Mohamed El-Moktar dans une de ses boutiques du quartier de Yopougon Selmer, à Abidjan.

Mohamed El-Moktar a pignons sur rues. Au pluriel, car de part et d’autre du carrefour du quartier de Yopougon Selmer, à Abidjan, ce commerçant mauritanien possède depuis plus de vingt ans deux boutiques très appréciées. « On trouve un peu de tout ici. Le patron accueille bien, il est toujours joyeux, toujours en train de taquiner. Je peux même dire que nous sommes devenus une famille ! », lance en riant Evelyne, une voisine venue faire ses courses.

En plus d’être sympathique, le boutiquier de 56 ans, arrivé seul en Côte d’Ivoire à l’âge de 19 ans, est un commerçant flexible et arrangeant. « Quand les bons clients sont dans le besoin, on leur fait crédit. On note dans un cahier ce dont ils ont besoin, on leur donne et ils nous payent plus tard. Même s’il arrive parfois que certaines familles ne remboursent pas », explique Mohamed El-Moktar en haussant les épaules.

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Comme lui, plus de 16 000 boutiquiers mauritaniens se sont installés en Côte d’Ivoire. Leur astuce : s’implanter dans des quartiers qui commencent tout juste à se développer ou dans des lieux stratégiques. « Ils sentent vite le potentiel quand ils arrivent quelque part, ils cherchent un endroit de plain-pied au milieu d’un quartier résidentiel, créent une petite échoppe puis grandissent progressivement. Aujourd’hui, on trouve des Mauritaniens à Sassandra [ouest], Divo [centre] et même dans les zones forestières », remarque Abdel Nasser Ould Ethmane, un fonctionnaire international mauritanien.

Grâce à leur savoir-faire et leurs fonds propres accumulés durant plusieurs décennies de commerce, ces détaillants proposent généralement davantage de produits que leurs homologues guinéens ou sénégalais et sont devenus des références dans le commerce de proximité. « Si je suis hors du quartier, je vais dans une boutique mauritanienne, j’ai confiance », poursuit Evelyne. « Les Mauritaniens ont une expérience spécifique de la vente au détail. Même si un boutiquier est illettré, il connaît le commerce. Ils ont une vision à long terme et cela remonte à très loin. Une partie de la population traditionnelle considère le commerce comme un noble métier, car c’était celui du prophète », relève Abdel Nasser Ould Ethmane.

« C’est un peuple très solidaire »

La première vague migratoire venue de Mauritanie remonte aux années 1970, peu après les indépendances des pays d’Afrique francophone. Ce sont d’abord les négociants spécialisés dans l’anacarde qui découvrent le potentiel de l’économie ivoirienne. Les boutiquiers et les vendeurs de bétail leur emboîtent le pas. A l’époque, la Côte d’Ivoire est prospère grâce à ses matières premières agricoles, et les étrangers de toutes nationalités affluent, encouragés par la politique d’ouverture de Félix Houphouët-Boigny.

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