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En Chine, une vague anticorruption dans le secteur stratégique des puces électroniques

En Chine, une vague anticorruption dans le secteur stratégique des puces électroniques


Xiao Yaqing, ancien ministre de l’industrie accusé de corruption, à Pékin, le 10 mars 2018.

Le timing n’a pas laissé les observateurs indifférents : alors que la présidente de la Chambre des représentants des Etats-Unis, Nancy Pelosi, venait de rendre visite, début août, au fleuron des semi-conducteurs à Taïwan, le numéro un mondial de la production de puces, Taiwan Semiconductor Manufacturing Company (TSMC), Pékin mettait à l’amende des responsables de ce secteur hautement stratégique, y compris un ministre de l’industrie. De part et d’autre du détroit de Taïwan, le contraste est saisissant : alors que l’île indépendante revendiquée par Pékin compte sur son industrie, la meilleure au monde, pour renforcer son influence géopolitique, la Chine, elle, fait le ménage dans un secteur saisi par la spéculation.

Fin juillet, la Commission centrale d’inspection de la discipline du parti (CCIDP) avait annoncé une enquête contre Ding Wenwu, le directeur général du Fonds national d’investissement sur les circuits intégrés, surnommé le « grand fonds » en Chine. Dix jours plus tard, la CCIDP lançait une enquête contre Du Yang, l’ex-directeur de Sino IC Capital, holding gérant les investissements de ce fonds, pour « violation grave de la discipline et de la loi ». Deux autres gestionnaires de la firme sont concernés par l’enquête de la toute-puissante CCIDP, menée en collaboration avec le ministère de l’industrie et des technologies de l’information. Xiao Yaqing, l’ancien ministre de l’industrie censé superviser le secteur, a lui aussi été accusé de corruption, bien qu’on ne sache pas si les deux affaires sont liées.

La Chine a lancé son « grand fonds », en 2014, avec l’objectif de gérer les 140 milliards de yuans, soit 20 milliards d’euros, de fonds publics alloués à ce secteur. Première productrice de produits électroniques au monde, la Chine est en effet largement dépendante de l’import pour les semi-conducteurs les plus sophistiqués. A la même époque, le plan Made in China 2025 fixait l’objectif de produire localement 40 % des puces utilisées par l’industrie chinoise en 2020, et 70 % en 2025. C’est un échec. La part de la production locale de puces est passée de 15,1 % en 2014 à 16,7 % en 2021, d’après IC Insights, une firme de recherche américaine.

Sophistication

Autre entreprise d’Etat très active dans le secteur, Tsinghua Unigroup a aussi dépensé des milliards pour acquérir des pépites étrangères, comme le français Linxens, ou l’américain Micron Technology, dont l’acquisition a finalement été bloquée par l’administration américaine. Surendetté, le groupe est en défaut de paiement depuis 2020, et a finalement été repris par un consortium d’entreprises chargé de le sauver. Son fondateur, Zhao Weiguo, avait fait visiter Tsinghua Unigroup au président chinois, Xi Jinping, en 2018. En juillet, il a été à son tour visé par une enquête et placé en détention.

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