Depuis le début de la pandémie de Covid-19, les membres du Parti communiste chinois (PCC) sont régulièrement appelés à se mettre « en première ligne ». Les cadres du parti du Henan, une province du centre de la Chine touchée par le Covid depuis un mois et demi, ont pris ces instructions à la lettre : depuis une semaine, ils montrent l’exemple en allant garnir les lignes de production du géant taïwanais de la sous-traitance électronique, Foxconn.
Touché par un foyer de Covid important, le site de production de Zhengzhou, la capitale du Henan, a vu ses employés fuir en masse, fin octobre, en pleine production de l’iPhone 14. Depuis, l’usine, qui emploie jusqu’à 300 000 personnes, peine à recruter, alors que la ville maintient des restrictions.
D’où cet appel passé dans les environs de Zhengzhou : d’après le média économique Cailian, les villages ont reçu pour instruction d’envoyer au moins deux habitants chacun, et des cadres du parti ont dû signer les premiers des contrats de un mois à six mois pour montrer l’exemple. Lei Feng, le Stakanov chinois, serait fier d’eux !
Des membres du PCC qui prêtent main-forte à une entreprise taïwanaise, au service de la multinationale américaine la plus valorisée du monde : l’histoire est cocasse, mais révélatrice de la situation de la Chine en 2022. Avec ses 10 millions d’habitants et son tissu industriel, Zhengzhou est une des nombreuses métropoles régionales actuellement confinées.
Chaos
Si les autorités n’hésitent pas à sacrifier les services, restauration, tourisme, et divertissement en tête, préserver la production industrielle est une priorité. Pas question pour la Chine de perdre son statut d’usine du monde. Aux petits soins pour Foxconn, l’un des principaux employeurs de Chine, les autorités locales n’ont pas hésité, par le passé, à fournir à l’entreprise des stagiaires des lycées professionnels de la région, employés illégalement.
La situation de Foxconn est aussi emblématique du chaos qui règne dans le pays. Il y a quelques semaines, les ouvriers de Foxconn étaient filmés grimpant des clôtures métalliques, balluchon sur le dos, avant de faire des dizaines de kilomètres à pieds pour fuir le confinement de l’usine.
Le 11 novembre, la commission nationale de la santé a publié 20 mesures censées alléger les restrictions, réduisant, par exemple, le nombre de jours de quarantaine pour les cas contacts et les entrées dans le pays. Pour autant, alors que le nombre de cas augmente à travers le pays, plusieurs grandes villes comme Chongqing, Canton et Wuhan sont de nouveau en confinement partiel. Toujours pas prête à vivre avec le virus, la Chine tente de s’accommoder du zéro Covid.
