« Dans le principe, un ministre doit quitter le gouvernement lorsqu’il est mis en examen ». Cette phrase n’est pas de Jean-Luc Mélenchon ou de Sandrine Rousseau, mais d’Emmanuel Macron. Peu avant son arrivée au pouvoir, l’ancien ministre de l’Économie prônait la transparence et la moralisation de la vie politique. Une loi sur le sujet aura d’ailleurs été votée dès le début de son premier quinquennat. Mais cinq ans plus tard, le discours du président a évolué. Alors qu’Alexis Kohler, le secrétaire général de l’Elysée est mis en examen pour prise illégale d’intérêt et Éric Dupond-Moretti est renvoyé devant la Cour de justice de la République, là aussi pour prise illégale d’intérêts, aucune démission n’est attendue par le chef de l’État.
Et face aux critiques, Emmanuel Macron défend Alexis Kohler. Et à son sujet, la réponse du chef des Armées est toute trouvée. « Pour ce qui est de mon secrétaire général, il ne vous aura pas échappé qu’il n’est pas ministre », a tenu à expliquer le président de la République. Surtout, pour lui, cette mise en examen ne justifie en rien qu’il doive se séparer de son plus proche collaborateur.
« La décision que je prends est tout à fait légitime »
« Pour ce qui est d’un homme qui, depuis plusieurs années, passe ses nuits et ses jours à servir l’État avec un dévouement et une intégrité dont je peux témoigner, (…) je considère que la décision que je prends est tout à fait légitime’, explique Emmanuel Macron. Et d’ajouter : « La justice suit son cours en totale indépendance, mais ce ne sont pas des décisions de procédure – sur un dossier qui est instruit depuis plus de cinq ans, et qui a déjà fait l’objet d’un classement – qui doivent conduire à prendre des décisions administratives. Et, pour moi, à choisir mes collaborateurs. Il a donc toute ma confiance ».
Autre cas, autre réponse pour Éric Dupond-Moretti. Ce dernier est bien ministre de la Justice. Mais le chef de l’État considère cette affaire comme « un cas très particulier » : « Le garde des Sceaux est mis en examen dans le cadre d’une procédure qui est une saisine des syndicats de la magistrature sur une affaire qui impliquait des magistrats, dans une procédure où il était parti quand il était avocat », justifie Emmanuel Macron, ajoutant que « cela ne touche en rien à ce qu’il a fait en tant que ministre dans son activité, ni même sur des sujets qui, si je peux dire, relève de la morale ».
Les magistrats en ligne de mire
Emmanuel Macron assume donc de faire des exceptions à la règle, au risque d’apparaître en contraction avec ses précédents propos. Mais la question est visiblement ailleurs à ses yeux. Le président se questionne « sur le lien entre le fonctionnement de l’exécutif et de l’autorité judiciaire ». Une interrogation qui pointe avec peu de dissimulation, l’objectif des magistrats.