C’est sur une ultime « déclaration d’amour » – le mot est de Matignon – que le congrès des maires de France, ouvert lundi 21 novembre à Paris, s’est achevé, jeudi. Après le président de la République, la veille, la première ministre, Elisabeth Borne, a demandé aux maires, « le cœur battant de notre République », « d’avancer [avec elle] main dans la main ».
Cependant, chacun le sait, seules les preuves d’amour importent. Et les maires ne sont pas dupes. Dans son discours de clôture, le président de l’Association des maires de France (AMF), David Lisnard, a loué « un climat de dialogue et de respect mutuel », mais il a ajouté que cette « nouvelle relation » serait jugée « aux actes ».
Le maire Les Républicains de Cannes en a d’ailleurs profité pour envoyer une pique au président de la République. Emmanuel Macron a préféré visiter mercredi le « salon » des maires, qui réunit entreprises et organismes, plutôt que le « congrès », l’événement politique qui se tenait à un jet de pierre du premier : « Quand on veut rencontrer les maires de France, a lancé M. Lisnard, et communiquer sur cette rencontre, eh bien on se rend au congrès et au salon de l’AMF. C’est la reconnaissance de la légitimité de notre action, de notre représentativité. »
Concession de taille
Quoi qu’il en soit, Elisabeth Borne n’était pas venue les mains vides. Durement éprouvés par la crise énergétique, soumis à des contraintes financières de toutes sortes, les édiles vivent très mal le fait que le gouvernement veuille à nouveau les faire participer au redressement des finances publiques du pays. Eux qui sont tenus de présenter des comptes à l’équilibre ne supportent pas les leçons d’un Etat qui, lui, n’est plus capable de tenir les siennes depuis cinquante ans.
Pendant le premier quinquennat, les « contrats de Cahors » leur ont été soumis. Objectif : tenir serrée la bride des dépenses. Mais ce dispositif n’a pas survécu à la crise sanitaire. En 2022, un second mécanisme a donc été proposé. Appelé « Pacte de confiance », il a rapidement été rebaptisé « Cahors 2 » par les élus.
L’exécutif a eu beau expliquer qu’il ne s’agirait pas de réduire les dépenses des collectivités, mais d’en freiner la progression, que la responsabilité serait diluée entre elles, rien n’y a fait. Les maires n’en veulent pas. Ils n’ont ainsi eu de cesse de batailler contre les « Cahors 2 », rejetés par le Parlement et réintroduits à la hussarde par le gouvernement dans le projet de loi de finances (PLF) pour 2023.
Avec succès. Elisabeth Borne a annoncé jeudi que le mécanisme ne serait pas, contrairement à ce qui est inscrit dans le PLF, accompagné de sanctions financières en cas de dérapage. Une concession de taille qui en dit long sur la volonté d’Emmanuel Macron de ménager les maires. Confronté à une majorité relative à l’Assemblée nationale, le président de la République ne peut se permettre de multiplier les fronts et doit trouver des alliés pour appliquer sa politique.
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