« Je n’ai rien à voir avec l’extorsion. » Dans la soirée du samedi 17 septembre, au terme de plusieurs jours de garde à vue à Nanterre, Mathias Pogba nie en bloc face aux deux juges d’instruction, lors de son interrogatoire de première comparution.
Alors que les magistrats s’apprêtent à le mettre en examen des chefs d’« extorsion en bande organisée » et de « participation à une association de malfaiteurs en vue de préparation d’un crime », il répète qu’il n’était pas présent, dans la nuit du 19 au 20 mars, dans cet appartement de Seine-et-Marne où le début de l’affaire s’est joué.
Mathias a un alibi. Il était dans une chambre d’hôtel de La Défense (Hauts-de-Seine), à des kilomètres du lieu où son frère, Paul, l’une des stars de l’équipe de France de football et de la Juventus Turin, a été braqué par deux hommes cagoulés et armés, après y avoir été amené par plusieurs amis d’enfance, dont quatre ont été également mis en examen.
Les enquêteurs soupçonnent notamment Roushdane K., un proche de Mathias Pogba, d’avoir été à la manœuvre. Les braqueurs ont sommé Paul Pogba de payer 13 millions d’euros, dont 3 millions d’euros en espèces. Une somme exigée en contrepartie de la prétendue protection qu’auraient assurée les deux hommes cagoulés à l’international français durant des années.
Escapade turinoise
Lors de sa garde à vue et devant les juges d’instruction, Mathias Pogba a donné sa version des faits. Il a affirmé avoir appris qu’un incident avait eu lieu cette nuit-là bien plus tard, le 13 juillet. L’histoire lui a été, dit-il, rapportée par trois prévenus, Roushdane K., Machikour K., Boubacar C., et avec un récit différent. Les prévenus lui ont dit avoir été eux-mêmes « braquer » et être des victimes, au même titre que Paul Pogba, qui se serait engagé sous la menace, ce soir-là, à « donner une certaine somme » aux deux hommes cagoulés.
Selon Mathias Pogba, c’est pour « avoir la version » de son frère Paul « en face-à-face » qu’il se serait rendu à Turin, le 14 juillet, avec les quatre autres prévenus, au centre d’entraînement de la Juventus. Mais « il n’est jamais descendu. Après cinq heures d’attente », a soupiré Mathias. C’est après cette escapade turinoise des cinq prévenus que Paul Pogba portera plainte, en Italie, le 16 juillet. Le parquet de Paris a ensuite ouvert une enquête, en août.
Devant les magistrats instructeurs et les policiers, Mathias Pogba a déroulé sa version de l’affaire, qui connaît plusieurs rebondissements après l’épisode turinois. Lui-même se serait à son tour « fait braquer » le 30 juillet, en présence de deux prévenus, à Roissy-en-Brie, par plusieurs hommes « habillés en noir et cagoulés ». « Levez les mains, levez les mains. Dis à ton frère de trouver une solution », lui aurait alors dit l’un des braqueurs, pour qu’il intercède auprès de Paul, pour que ce dernier paye la somme promise. Mathias n’aurait alors « pas eu le réflexe d’appeler les forces de l’ordre ».
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