Devant une salle d’audience comble, le président du tribunal brandit la principale pièce à conviction : une glacière. Des proches du président Azali Assoumani ont été jugés jeudi 29 septembre à Moroni dans l’affaire dite « des lingots d’or », autour d’un vaste trafic entre les Comores et Madagascar.
Sur le banc des accusés, neuf suspects. Parmi eux, l’ex-directeur des aéroports comoriens, Yasser Ali Assoumani. Vêtu d’une chemise d’un blanc immaculé, il est connu pour être proche du président Assoumani, régulièrement critiqué pour ses dérives autoritaires. Plus loin, Fardi Harifadja Abodo, un douanier à la carrure de boxeur et fils du procureur de la Cour suprême, plus haute juridiction de l’archipel de l’océan Indien, également proche du pouvoir. Ce sont les deux principaux suspects dans l’affaire dévoilée en 2021.
Fin décembre, deux Comoriens et un Malgache en partance pour Dubaï sont arrêtés à l’aéroport de Moroni. 49 kg d’or en lingots sont trouvés dissimulés dans leurs bagages avant de monter dans le jet privé qui les attend sur le tarmac. Leur arrestation permet aux enquêteurs de mettre au jour un vaste trafic entre les Comores et Madagascar : en trois mois, onze voyages entre les deux pays séparés de moins de 800 kilomètres par l’océan ont permis de transporter illégalement des quantités suspectées importantes du précieux métal.
Un trafic entre Madagascar et les Comores
Selon les enquêteurs, l’or partait de Madagascar à bord de banals bateaux de pêche, dissimulé dans des glacières habituellement remplies de poissons. Propriétaire d’une vedette rapide, Fardi Harifadja Abodo est soupçonné d’avoir joué le rôle de passeur, récupérant au large des Comores la marchandise pour la ramener sur la terre ferme. L’or devait ensuite transiter à bord d’avions privés vers des acquéreurs à l’étranger.
« Vous avez facilité le passage à l’aéroport des lingots en échange d’avantages financiers ? », interroge le président du tribunal, s’adressant à Yasser Ali Assoumani en le désignant par « directeur ». En juillet, Madagascar a suspendu la desserte Moroni-Antananarivo assurée par Air Madagascar, classant la ligne « rouge en matière de trafic ».
Les neuf suspects ont tous nié en bloc. Deux Malgaches, extradés en janvier vers leur pays, sont également soupçonnés d’être impliqués. Plus de 40 000 euros d’amendes ont été requis contre les accusés. La décision a été mise en délibéré au 27 octobre.
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