Il s’agit du deuxième rassemblement de ce type en quinze jours. Des milliers de Soudanais, partisans des islamistes, ont manifesté samedi 12 novembre devant la délégation de l’ONU à Khartoum, ce afin de protester contre les « ingérences » internationales visant à relancer la transition démocratique dans leur pays.
Défenseurs de l’ex-dictature islamo-militaire d’Omar Al-Bachir, qui a été déchu en avril 2019 sous la pression de la rue et de l’armée, les islamistes appellent régulièrement au départ de l’ONU de leur pays, alors que l’organisation internationale fait office de médiateur entre le pouvoir militaire et les civils pour tenter de mener à bien un processus de transition démocratique jusqu’ici empêché dans le pays.
Leur protestation s’est accrue depuis le putsch militaire du 25 octobre 2021, qui a interrompu la transition lancée en 2019, et davantage depuis l’émergence d’un scénario de possible sortie de crise passant par l’adoption d’une nouvelle Constitution. Cette dernière, élaborée par l’association prodémocratie du barreau soudanais, appelle à la formation d’un gouvernement civil.
Un processus de transition démocratique dans l’impasse
Les médiations internationales lancées depuis un an par l’ONU échoppent notamment sur ce point : les civils limogés lors du putsch affirment en effet qu’ils ne reviendront à la table des négociations que si l’armée accepte de se retirer du pouvoir selon un calendrier précis et si les responsables de l’ex-régime sont définitivement écartés et jugés.
Munis de pancartes telles que « Non aux ingérences étrangères » et « Volker dégage » – en référence à l’émissaire de l’ONU en place à Khartoum, Volker Perthes –, les soutiens aux islamistes ont donc affiché samedi leur ferme opposition à un tel scénario.
« On manifeste contre l’ingérence étrangère dans notre pays, on n’acceptera pas la Constitution laïque du barreau soudanais », a ainsi lancé à l’Agence France-Presse Ahmed Abderrahmane, un manifestant présent samedi devant la délégation de l’ONU à Khartoum. « Nous allons sortir dans toutes les rues, sur toutes les places, tous les jours, dans toutes les villes, dans toutes les rues, pour protéger ce pays, préserver son unité et sa sécurité. Non aux collaborateurs », a renchéri un autre, Louaï Moustafa.
Face à l’opposition des camps, la transition démocratique se retrouve aujourd’hui dans l’impasse au Soudan. Depuis un an, les prodémocratie disent redouter un retour à l’ancien régime de M. Bachir, derrière les barreaux depuis sa chute. Ils en veulent pour preuve le fait que de nombreux islamistes ont retrouvé leur poste au sein des arcanes du pouvoir.
Mais le torchon semble désormais brûler entre le général Abdel Fattah Al-Bourhane, auteur du putsch de l’automne 2021, et les islamistes. Le général Bourhane les a appelés la semaine passée à « ne pas s’approcher de l’armée », démontrant l’actuelle escalade des tensions.