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Un rapport de deux historiens révèle des dysfonctionnements survenus durant des années dans le processus d’adoption d’enfants étrangers en France.
Marie Marre, née au Mali, a été adoptée à 19 mois par un couple de Normands. « On m’avait expliqué que ma mère était très pauvre, et qu’elle m’avait confiée à l’adoption », dit-elle. Son adoption a été organisée en 1989 par une association agréée par l’État français. En replongeant dans son passé, elle a étudié chaque pièce de son dossier et relevé des « incohérences ».
À l’époque, sa mère adoptive, Brigitte Marre, ne s’est pas méfiée de l’organisme, habilitée par l’État. « C’est difficile de penser qu’on a pris l’enfant d’une autre », confie-t-elle. Avec huit autres enfants adoptés, Marie Marre a porté plainte contre l’association et sa correspondante en Mali.
De nombreux signalements
Dans un rapport, deux historiens font état de nombreux signalements de ce type, dans des dizaines de pays. « Quand des candidats à l’adoption des pays du Nord demandent des enfants à adopter, ça crée dans les pays du Sud une offre, avec toutes sortes de déviances possibles », analyse Yves Denichère, chercheur à l’université d’Angers (Maine-et-Loire). Johanna Lamboley, adoptée au Chili a 5 ans et demi, en 1986, a, elle aussi, découvert des zones d’ombre dans son dossier. En 1986, une assistance sociale aurait poussé sa mère biologique à la mettre en pension.