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Crise en Haïti: une intervention militaire vue d’un mauvais œil au Québec

Crise en Haïti: une intervention militaire vue d’un mauvais œil au Québec


Des membres de la diaspora haïtienne au Québec s’opposent à une intervention militaire étrangère dans leur pays d’origine, évoquant des conséquences désastreuses qu’ont provoquées des opérations similaires dans le passé.

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«Ce n’est pas de ça qu’on a besoin. Ça fait plusieurs fois qu’ils vont là-bas et ça ne change rien, au contraire», lâche Abise Victor, propriétaire du restaurant haïtien Adonaï, situé à Montréal-Nord.

Comme d’autres membres de la communauté québécoise d’origine haïtienne interviewés par Le Journal, elle voit d’un mauvais œil la possibilité envisagée par le conseil de sécurité de l’ONU de mener une intervention militaire dans le pays des Antilles pour lutter contre l’insécurité et la menace des gangs.

«Les gens en Haïti n’en veulent pas et nous aussi dans la diaspora, on n’en veut pas», martèle Chantal Ismé, vice-présidente du conseil d’administration de la Maison d’Haïti, située à Montréal.

Mauvais souvenirs

«À date, aucune des formes d’occupation n’a jamais rien apporté à Haïti. Alors que je ne pense pas que c’est celle-là qui va apporter quelque chose de plus», poursuit Mme Ismé.

Cet argument des mauvaises expériences passées est invoqué par les quatre membres de la diaspora auxquels Le Journal a parlé. Ceux-ci gardent notamment de mauvais souvenirs de l’intervention militaire de l’ONU en 2004 à la suite du coup d’État.

«Qu’est-ce qu’ils vont emmener [sic] cette fois?» demande Mme Victor, en faisant référence à la maladie du choléra qui avait été importée par des Casques bleus népalais après le séisme de 2010.

Le choléra est également évoqué par Chantal Ismé, qui se souvient que l’intervention de 2004 avait mené au «viol de femmes et d’enfants».

Plusieurs pensent plutôt qu’il faudrait s’attaquer aux causes de l’insécurité, comme la capacité des gangs de s’approvisionner en armes et en munitions.

«Haïti ne fait pas d’armes ni de minutions. On sait très bien que la source des armes vient des États-Unis», soulève Chantal Ismé.

Une position partagée par Frantz André, qui croit également qu’il faut cibler ceux qui financent les gangs qui causent le chaos actuel. 

«Je crois que l’international a le pouvoir de savoir qui sont les commanditaires des mercenaires et peuvent [sic] mettre des sanctions contre ces gens-là.»

Jean-Claude Icart, de Concertation pour Haïti, déplore qu’on ne voie la crise que sous l’œil de l’insécurité. Il souligne que ce que demande la population qui manifeste depuis plusieurs semaines en Haïti est peu écouté par la communauté internationale.

«Les gangs ont étouffé toutes les revendications populaires, et les seules choses que l’international a retenues, c’est l’insécurité.»

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