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Contre les sanctions, les Russes se glissent dans les interstices du commerce mondial de la Turquie à l’Iran

Contre les sanctions, les Russes se glissent dans les interstices du commerce mondial de la Turquie à l’Iran


Le vraquier SV Nikolay, battant pavillon russe, est déchargé au port d’Izmir, en Turquie, le 25 juin 2022.

Les sanctions occidentales imposées à la Russie ont plongé des pans entiers de son commerce extérieur dans le brouillard. Certains chiffres suggèrent que les entreprises russes s’en sortent plutôt bien pour continuer à s’approvisionner et maintenir leurs activités. Si les importations se sont contractées de 38 % entre février et juillet, selon les estimations de la Banque de Finlande, l’économie russe résiste mieux que prévu, avec un PIB qui devrait se contracter de 3,4 % en 2022, selon les dernières prévisions du Fonds monétaire international, contre 8,5 % anticipés en avril. Pour se faufiler dans les interstices du commerce mondial, les entreprises russes savent au moins à qui demander conseil. En juin, le quotidien The Financial Times a rapporté les nombreuses visites d’hommes d’affaires russes en Iran qui cherchaient à comprendre comment, dans un pays soumis aux sanctions américaines depuis quatre ans, autant d’iPhone pouvaient circuler. On leur a évoqué des routes commerciales passant par la Turquie ou le nord de l’Irak.

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Fin août, le secrétaire adjoint au Trésor américain, Wally Adeyemo, a averti son homologue turc que des « entités et individus russes » utilisaient le pays pour contourner les sanctions imposées à la Russie. De fait, le seul Etat membre de l’OTAN à ne pas appliquer de sanctions a vu ses échanges commerciaux avec la Russie augmenter de 42 % en six mois. Les cargaisons arrivent dans les ports d’Istanbul, de Mersin ou encore d’Izmir et sont ensuite chargées dans des navires de compagnies maritimes turques, pour prendre la direction du port russe de Novorossiïsk, sur la mer Noire.

Des hommes d’affaires russes peuvent aussi obtenir un passeport turc, moyennant 405 000 euros d’investissements immobiliers, et créer des entreprises locales pour servir d’intermédiaires au commerce entre leur pays et le reste du monde. « La Turquie apparaît comme l’un des grands bénéficiaires des sanctions, si l’on en juge par la hausse de son commerce extérieur et sa balance des paiements qui a doublé au cours des huit premiers mois de l’année », affirme Timothy Ash, économiste chez BlueBay Asset Management.

Roubles contre cryptomonnaies

Encore faut-il trouver les moyens d’envoyer de l’argent à l’étranger, sans passer par le système bancaire mondial Swift, dont la Russie a été bannie. La Douma, le Parlement russe, doit bientôt adopter une loi autorisant l’utilisation des cryptomonnaies pour le règlement des transactions internationales, dans le sillage de l’Iran. Fin mars, Christine Lagarde, la présidente de la Banque centrale européenne, a accusé les entreprises et les citoyens russes de contourner les sanctions en échangeant leurs roubles contre des cryptomonnaies. « Les produits les plus affectés par les sanctions sont ceux qui utilisent des technologies dont l’usage est à la fois civil et militaire, comme les semi-conducteurs », explique M. Ash. Selon les chiffres fournis par l’Union européenne, la Russie dépend pour ses importations de produits de haute technologie de l’Europe à plus de 45 %, des Etats-Unis à hauteur de 21 % et de la Chine pour seulement 11 %. « Même si elles sont contournées, poursuit M. Ash, les sanctions renchérissent le coût des importations, ce qui nuit à l’économie russe. »

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