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Comment l’économie russe résiste au choc des sanctions

Comment l’économie russe résiste au choc des sanctions


S’il fallait donner un visage à la fameuse résilience russe, celui, enjoué et confiant, de Iouri Sapryguine ferait parfaitement l’affaire. Certes, l’entreprise que le jeune homme de 36 ans dirige avec son père et son frère n’est pas banale : Liston fait partie de ces rares PME industrielles à succès dont la Russie manque cruellement. Et ce n’est pas un hasard si la région de Kalouga, au sud de Moscou, a aidé Le Monde à franchir ses portes.

Iouri Sapryguine, directeur commercial de l’entreprise Liston à Joukov dans l’oblast de Kalouga, le 24 octobre 2022.

Pour le reste, les difficultés auxquelles l’entreprise fait face depuis le début du conflit en Ukraine et l’imposition de sanctions massives contre la Russie sont tout à fait emblématiques de celles affrontées par l’ensemble de l’économie russe. La façon dont la firme les affronte illustre bien la résistance de cette économie à laquelle nombre d’observateurs prédisaient un effondrement rapide.

Liston, installé dans la petite ville de Joukov (du nom du maréchal de la seconde guerre mondiale, qui y a grandi), produit des systèmes de distillation d’eau pour l’industrie et des centrifugeuses pour laboratoires médicaux. Les premiers sont plutôt réservés à l’export, les seconds au marché russe. L’entreprise, qui emploie une quarantaine de personnes, a été fondée par le père, Sergueï, 62 ans, ancien ingénieur d’une usine soviétique de Bichkek, dans ce qui était alors le Kirghizistan soviétique.

Avec des clients dans 69 pays et des fournisseurs dans le monde entier, Liston est particulièrement exposée à la conjoncture internationale. Les sanctions auraient pu être un coup de massue. De fait, les moteurs italiens des centrifugeuses sont rapidement apparus sur la liste des produits dont la vente est interdite en Russie par l’Union européenne ; s’agissant des distillateurs, ce sont les systèmes de chauffage, importés de Pologne, qui, sans être sous sanction, sont devenus difficiles à faire venir et à payer, les circuits logistiques et financiers étant subitement totalement désorganisés.

Nouveaux fournisseurs

Ce qui a sauvé Liston, ce sont d’abord ses stocks. « Nous sentions les problèmes venir », se félicite Iouri Sapryguine. « Disons que, quand on a vécu les années 1990, on sait anticiper et s’adapter », ajoute son père. Deuxième étape, la plus sensible, le remplacement des circuits d’importation. Il faut deux à trois mois aux Sapryguine pour trouver de nouveaux fournisseurs. A chaque fois, ce sont des entreprises biélorusses qui s’imposent : « La qualité est comparable, et les prix très proches de ceux de nos anciens fournisseurs européens, constate le fils Sapryguine. Nous avons aussi cherché en Chine, mais la communication était difficile. »

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