Jeudi 27 avril, British Petroleum (BP) a fait face à une fronde d’actionnaires. Ces derniers sont remontés contre la décision du groupe spécialiste des hydrocarbures de ralentir sa transition énergétique. Ils ont promis de voter contre la réélection du président du conseil d’administration.
L’assemblée générale qui s’est tenue à Londres a été perturbée dès le début par des militants de l’organisation non gouvernementale (ONG) Fossil Free London. Ces derniers ont interrompu plusieurs fois les discours du président du groupe, Helge Lund, et du directeur général, Bernard Looney. Ils ont manifesté leur opposition à la stratégie de neutralité carbone de l’entreprise.
« 2050 est bien trop loin, il faut agir maintenant », a lancé une militante au dirigeant. Elle juge que les objectifs climat du groupe ne sont « pas suffisants ». « En tant qu’individus, vous êtes responsables du chaos que vous imposez », a lancé un autre. Il a ajouté : « Arrêtez de forer pour extraire des combustibles fossiles. » La sécurité a dû intervenir pour faire sortir plusieurs militants.
Plusieurs militants s’étaient vu refuser l’entrée à l’assemblée générale, mais une poignée a tout de même pu entrer, a précisé un porte-parole de l’ONG Fossil Free London.
Des fonds de pension parmi les plus importants au Royaume-Uni ont, de leur côté, prévenu qu’ils allaient s’opposer à la reconduction du mandat d’Helge Lund à l’issue de l’assemblée générale. L’organisation d’activisme actionnarial Follow This a aussi déposé une résolution, qui demande au groupe d’être plus ambitieux dans ses objectifs climatiques.
Cinq fonds de pension ont annoncé qu’ils allaient voter contre la reconduction du président de BP, selon la presse britannique. Parmi eux, Nest, qui soutiendra aussi la résolution de Follow This. « Si BP continue sur cette trajectoire, nous avons de sérieuses inquiétudes sur le fait qu’ils atteindront leur objectif de neutralité carbone et sur le succès à long terme de l’entreprise », dénonce Nest. Le fonds souhaite voir des investissements « davantage dans les solutions à faible émission de carbone et les renouvelables, plutôt que dans de nouveaux sites pétroliers et gaziers ». Brunel, un autre fonds de pension, votera également contre la reconduction du président de BP.
BP avait annoncé en février, en marge de résultats record, qu’il comptait doper ses bénéfices d’ici à 2030 en investissant davantage à la fois dans les énergies renouvelables mais aussi dans les hydrocarbures, ralentissant ainsi le rythme de sa transition énergétique.
Greenpeace, qui louait un an plus tôt « le plus ambitieux des géants pétroliers » pour sa transition, avait alors fustigé des engagements « sapés par la pression des investisseurs et des gouvernements ».
Follow This estime qu’un « objectif de neutralité carbone pour 2050 est insuffisant ». L’ONG demande au groupe d’aligner ses objectifs de réduction d’émissions pour 2030 sur ceux de l’accord de Paris, qui vise à limiter le réchauffement climatique en dessous de deux degrés et à un idéal de 1,5 °C par rapport à la période 1850-1900.
Le conseil d’administration a réagi à la résolution de l’ONG en déclarant dans une réponse que « certains actionnaires et autres parties prenantes peuvent avoir des points de vue différents sur les décisions que nous prenons », mais que sa stratégie climatique est globalement cohérente avec les objectifs de Paris. Il a appelé les actionnaires à voter contre la résolution.
Les Amis de la Terre, une association écologiste, appellent à une taxe plus élevée de BP et des autres grands groupes énergétiques au regard de leurs profits exceptionnels tirés de la flambée des cours avec la guerre en Ukraine. Ces fonds supplémentaires pourraient aider à réduire drastiquement les factures pour les ménages.
