A situation inédite, méthode inédite. Le projet de loi de finances (PLF) 2023, que le gouvernement devrait présenter, lundi 26 septembre en conseil des ministres, n’est déjà plus un secret pour les députés de la majorité et des oppositions. Au terme de trois après-midi de discussions – « une dizaine d’heures », selon le ministre délégué aux comptes publics, Gabriel Attal, qui a mené les réunions –, la trentaine de membres des bureaux des commissions des finances de l’Assemblée nationale et du Sénat, et les représentants des différents groupes qui y siègent auront eu un large aperçu de ce que contiendra le premier budget du second mandat d’Emmanuel Macron. Un texte-clé, qui sera débattu à partir du 10 octobre dans un Hémicycle où le parti présidentiel a perdu la majorité absolue.
Désireux de montrer que le pouvoir n’est plus concentré à Bercy, M. Attal avait soigné le décor, recevant les députés dans des lieux différents à chaque réunion – une première fois au septième étage de Bercy, une deuxième à l’Assemblée, une troisième au Sénat. « L’intégralité des groupes sont venus et sont restés », s’est-il félicité, mardi soir, à l’issue du troisième rendez-vous. Y compris La France insoumise (LFI) et le Rassemblement national (RN), conviés même si les deux partis ne font pas partie de l’« arc républicain » aux yeux des macronistes.
« Ils ont même eu accès aux articles fiscaux », a fait valoir le ministre, refusant néanmoins de préciser ce qui serait, in fine, retenu dans les propositions des oppositions, qui doivent encore faire l’objet d’un examen technique et politique. « Le texte qui sera transmis au Parlement ne sera pas celui que nous avions envisagé de transmettre avant les dialogues de Bercy », a assuré M. Attal. Tout en se disant « lucide » face au décalage entre les échanges « constructifs » des réunions et « le positionnement politique symbolique » affiché par les oppositions, qui ont affirmé très tôt qu’elles ne voteraient pas le budget.
« Une certaine fébrilité »
« Nous avons senti un gouvernement ouvert à la discussion, ce qui semble aussi vouloir dire qu’il n’est pas complètement serein au moment d’aborder ce budget », estime le député de Seine-Saint-Denis Eric Coquerel, président (LFI) de la commission des finances de l’Assemblée. Mais « le juge de paix, ce sera le 26, et il y a une forte probabilité que, sur les grandes lignes, le texte ne bouge pas ». La députée du Parti socialiste Christine Pirès Beaune évoque même « une certaine fébrilité » de M. Attal. « Ils n’ont que très peu de marges de manœuvre si la croissance flanche », note-t-elle.
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