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Au sein du CAC 40, la gouvernance se mondialise

Au sein du CAC 40, la gouvernance se mondialise



Le CAC 40 de plus en plus international

Ceux qui pensent que Schneider est une entreprise germanique y verront une forme de continuité. Jeudi 4 mai, Peter Herweck, un ingénieur allemand de 56 ans, ayant réalisé l’essentiel de sa carrière au sein du groupe Siemens, doit prendre la direction générale de l’industriel français. De quoi grossir la cohorte des patrons étrangers au sein du CAC 40. Luca De Meo, le directeur général de Renault, est italien ; Paul Hudson, celui de Sanofi, est britannique ; Angeles Garcia-Poveda, la présidente de Legrand, est espagnole, celui de la Société générale, Lorenzo Bini Smaghi, italien. En comptant les binationaux, treize sociétés du CAC 40 ont à leur sommet un président ou un directeur général disposant d’un passeport non français.

En dessous, les états-majors gagnent aussi en diversité. Déjà, chez Capgemini, Danone, Eurofins ou Sanofi, les Français sont minoritaires au comité exécutif (comex). Et la féminisation imposée par le législateur promet d’accentuer encore cette internationalisation des directions. « Les investisseurs exigent des entreprises qu’elles se dotent de compétences internationales aussi bien dans les comex que dans les conseils d’administration. Cette loi du marché s’impose aux groupes non contrôlés, dans tous les pays », souligne Sylvain Dhenin, associé du cabinet de chasseur de têtes Heidrick & Struggles. « Si l’on veut attirer et conserver les meilleurs talents sur les marchés locaux, il faut leur offrir la possibilité d’accéder aux plus hautes fonctions dans l’entreprise », ajoute Ross McInnes, le président de Safran, lui-même franco-australien, né à Calcutta et diplômé d’Oxford.

Ce vent du grand large qui souffle sur le capitalisme tricolore l’a guéri de la consanguinité et de l’entre-soi. Avec pour corollaire la fin des chasses gardées, comme le prouve l’intronisation à la Société générale du directeur général Slawomir Krupa, un Franco-Polonais diplômé de Science Po, mettant fin à une lignée d’inspecteurs des finances à la tête de la banque.

Mais si les cabinets ministériels ne sont plus la voie royale pour les élites françaises, cela n’est pas sans conséquence. « La crise de l’Etat se traduit chez certains par un moindre intérêt pour la chose publique et l’intérêt général. Cela me préoccupe, car il est indispensable de maintenir une communauté de destin entre les grands groupes et le pays où ils ont leurs racines », souligne Jean-Dominique Senard, le président de Renault.

Cette préoccupation apparaît d’autant plus importante que le retour en force d’une souveraineté nationale, observé partout dans le monde depuis la pandémie de Covid-19, repose largement, en France, sur des entreprises au capital éclaté. « Le patriotisme économique, c’est le fait de consentir un sacrifice au nom de l’intérêt supérieur de la nation, rappelle Pierre-Marie de Berny, fondateur du cabinet de conseil Vélite, qui publie chaque année un baromètre de la souveraineté économique. On peut se demander si un patron étranger aura à cœur de servir la France, même si la nationalité n’est qu’un indice de l’attachement à un pays. » Comme pour une enquête de police, un faisceau d’indices est nécessaire pour mesurer l’ancrage français d’une société du CAC 40.

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