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« Au nom d’un football généreux et altruiste, nous refusons d’apporter notre caution à cette Coupe du monde »

« Au nom d’un football généreux et altruiste, nous refusons d’apporter notre caution à cette Coupe du monde »


« Vraiment le peu de morale que je sais, je l’ai appris sur les terrains de football et les scènes de théâtre qui resteront mes vraies universités » : en évoquant ses années d’apprentissage, Albert Camus (1913-1960) célébrait en 1959 les valeurs de fraternité et d’entraide qui président à la pratique des sports collectifs en général, et du plus universel d’entre eux en particulier, ce football déjà si populaire du temps de la jeunesse de l’auteur de L’Etranger.

Désormais fait social total et mondialisé, le football tend aujourd’hui à nos sociétés un miroir souvent cruel. Individualisme, culte de l’argent et triomphe de l’image et du paraître, violences endémiques de certains groupuscules, corruption… Trop souvent, le football quitte les pages sportives pour occuper celles des faits divers ou des chroniques judiciaires.

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A cet égard, le choix ubuesque du Qatar comme pays organisateur de la Coupe du monde 2022 fut un nouveau signal désastreux, justement dénoncé dès 2010 par quelques voix courageuses.

Une insulte

Chantiers somptuaires mobilisant des dizaines de milliers de travailleurs immigrés dans des conditions que certaines organisations non gouvernementales (ONG) n’ont pas hésité à qualifier d’esclavage moderne, bilan écologique catastrophique à venir, liberté d’expression restreinte, voix dissidentes réprimées, droits des femmes placés sous le signe de la discrimination et de l’inégalité, sans même évoquer ceux des lesbiennes, des gays, des personnes bisexuelles, transgenres ou intersexes : l’attribution de la Coupe du monde au Qatar a été une insulte faite à toutes celles et à tous ceux qui ont souffert et souffrent encore d’un Etat répressif, inégalitaire et violent. Une insulte aussi pour toutes les amoureuses et les amoureux du beau jeu qui, à l’image d’Albert Camus, ne renoncent pas à l’idéal à la fois éthique et poétique auquel tend, dans ses moments les plus beaux et les plus poignants, le football.

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Ville de sports, de sportives et de sportifs, Montpellier (Hérault) aime le foot. Après Sète la populaire, qui en fut un des premiers bastions au début du XXe siècle, Montpellier a su écrire, dès 1919 avec la naissance du Stade olympique montpelliérain (SOM), et plus encore à partir de 1974 – date de naissance du Montpellier Hérault Sport Club (MHSC) de « Loulou » [Louis] Nicollin (1943-2017) – des pages glorieuses en remportant la Coupe de France 1990 et, contre tous les pronostics, le championnat de France de Ligue 1 en 2012.

Ici, une certaine idée du football s’est incarnée, à l’écart du modèle désormais dominant des grands groupes et des fonds de pension : un club familial, qui a connu les grandes joies, mais aussi les petites tempêtes que connaissent toutes les familles, inscrit profondément dans sa ville et son territoire, axant son développement sur la formation, l’éclosion de jeunes talents, la solidarité envers les clubs de quartier, faisant également très tôt le pari du football féminin… Un esprit, celui de La Paillade, fait de « grinta », d’effort partagé et de talent, mais aussi d’un peu de folie, celle qui préside aux plus grands exploits –, et il en a fallu de la folie et du talent à la bande de gamins qui remporta, il y a dix ans maintenant, le championnat, au nez et à la barbe d’un PSG alors récemment acquis… par le Qatar.

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