Au moins neuf personnes, dont des enfants, ont été tuées dans un double attentat à la voiture piégée visant, samedi 29 octobre, le ministère de l’éducation dans la capitale somalienne, Mogadiscio, a-t-on appris de sources sécuritaires.
« J’ai été parmi les premiers agents de sécurité à arriver dans cette zone, j’ai vu les cadavres de neuf personnes, pour la plupart des civils, dont des femmes et des enfants », a déclaré un témoin, ajoutant que des dizaines d’autres personnes ont été blessées. Un autre agent de sécurité a donné un bilan semblable.
Les deux « explosions simultanées » se sont produites sur une route longeant le ministère, a fait savoir le porte-parole de la police somalienne. Un des véhicules rempli d’explosifs est parvenu à pénétrer dans l’enceinte du bâtiment, déclenchant une série de coups de feu, a rapporté de son côté un autre policier. « Quelques minutes plus tard, une autre explosion s’est produite dans la même zone », a-t-il ajouté.
Selon un témoin, il y avait beaucoup de monde sur la route longeant le ministère au moment de la première explosion. « J’ai vu beaucoup de fumée aux alentours du ministère et beaucoup de dégâts », a expliqué un autre homme.
Insurrection chabab
Ce genre d’attentat – qui n’a pas été immédiatement revendiqué – est généralement attribué par les autorités somaliennes aux militants djihadistes chabab, qui mènent régulièrement des attaques dans la capitale et les grandes villes du pays.
Le groupe islamiste, lié à Al-Qaida, combat depuis 2007 le gouvernement fédéral soutenu par la communauté internationale. Il a été chassé des principales villes, dont Mogadiscio en 2011, mais reste solidement implanté dans de vastes zones rurales, notamment dans le sud du pays.
Les Chabab ont revendiqué l’attaque qui a eu lieu la semaine dernière contre un hôtel dans la ville portuaire de Kismaayo et qui a fait neuf morts et quarante-sept blessés.
Ces derniers mois, les Chabab ont redoublé d’activité en Somalie, pays pauvre et instable de la Corne de l’Afrique, avec notamment un spectaculaire assaut, long d’une trentaine d’heures, à la fin d’août sur un hôtel de Mogadiscio.
Après cette attaque qui a fait au moins vingt et un morts et cent dix-sept blessés, le président somalien, Hassan Cheikh Mohamoud, avait promis une « guerre totale » pour éliminer les Chabab et appelé la population à se « tenir à l’écart » des zones contrôlées par les islamistes qui allaient être visés par de prochaines offensives.
Les forces de sécurité et des milices claniques locales ont notamment lancé des opérations militaires dans le centre du pays, qui ont permis selon les autorités de reprendre du terrain aux combattants islamistes.
Outre l’insurrection chabab, la Somalie est également menacée par une famine imminente, provoquée par la plus grave sécheresse observée depuis plus de quarante ans. A travers le pays, 7,8 millions de personnes, soit presque la moitié de la population, sont affectées par la sécheresse, dont 213 000 sont en grand danger de famine, selon l’Organisation des Nations unies. Sans une mobilisation urgente, l’état de famine pourrait être déclaré avant la fin de l’année.