Le roi du Maroc, à l’occasion de la fête du trône, a ordonné une réforme du code de la famille, aussi appelée Moudawana, portée par le ministre de la Justice, Abdellatif Ouahbi. Mais malgré l’annonce de cette réforme, ses contours ne sont pas encore clairement définis, ce qui divise la sphère politique du pays. Les féministes souhaiteraient que la réforme fasse sauter les verrous d’une société conservatrice, tandis que les islamistes, hermétiques à la question de l’égalité dans l’héritage, se succèdent dans les médias pour promouvoir leur position.
Les premières informations disponibles dans la presse marocaine indiquent que la réforme vise à abolir le mariage des mineurs, à reconnaître les tests ADN, et peut-être même à instaurer l’égalité dans l’héritage. Cependant, pour Abdelilah Benkirane, ancien chef du gouvernement et chef de file des islamistes du Parti de la justice et du développement (PJD), il n’est pas question d’instaurer cette égalité dans l’héritage.
La question de l’égalité dans l’héritage est au cœur des débats. Les féministes marocaines la considèrent comme un symbole d’injustice et de discrimination à l’encontre des femmes. La Moudawana actuelle accorde seulement la moitié de l’héritage aux femmes par rapport aux hommes, et cette situation est jugée inacceptable par les féministes.
Les islamistes, quant à eux, estiment que l’égalité dans l’héritage est contraire à l’islam. Les conservateurs considèrent que la loi islamique préserve les droits des femmes, et que la Moudawana actuelle respecte les principes de l’islam. Ils estiment que l’égalité dans l’héritage n’est pas justifiée.
La réforme de la Moudawana est un débat complexe, qui doit tenir compte des convictions religieuses et sociétales du pays. Elle doit également tenir compte des intérêts de plusieurs groupes d’acteurs, notamment les femmes, les islamistes et le gouvernement. Le Maroc doit trouver un équilibre entre ces différents intérêts pour parvenir à une réforme acceptable à tous.
C’est dans ce contexte que s’inscrit la réforme annoncée par le roi. Elle est accueillie de manière mitigée par les différents acteurs. Cependant, malgré les divergences, certains y voient une opportunité pour le Maroc de montrer sa volonté de moderniser sa société et de respecter les droits des femmes.
Le mariage des mineurs est un autre sujet sensible qui fait partie de la réforme annoncée. Actuellement, il est possible de marier une fille de 16 ans et un garçon de 18 ans avec l’autorisation des parents. Dans certains cas, les filles sont même mariées à un âge plus jeune sans leur consentement. L’abolition du mariage des mineurs est donc une priorité pour les féministes, qui estiment que cela permettrait de protéger les jeunes filles de la violence et de l’exploitation sexuelles.
La reconnaissance des tests ADN est également un sujet important, qui pourrait permettre de lutter contre la polygamie et de renforcer la protection des enfants. Les tests ADN permettent de prouver la paternité d’un enfant, même en cas de polygamie. Ils pourraient donc être un outil important pour défendre les droits des femmes et des enfants.
Enfin, la réforme de la Moudawana est également l’occasion de réviser les lois sur la violence faite aux femmes. Le Maroc a déjà mis en place une loi spécifique sur la violence domestique, qui a permis la condamnation de nombreux agresseurs. Cependant, les féministes estiment que cette loi doit être renforcée pour garantir une protection optimale aux femmes victimes de violence.
En conclusion, la réforme de la Moudawana est un sujet complexe, qui divise la société marocaine. Les féministes souhaitent que la réforme permette de faire évoluer la société marocaine et de garantir l’égalité des sexes. Les islamistes, quant à eux, sont hermétiques à cette question. Le gouvernement marocain doit trouver un équilibre pour pouvoir mener à bien cette réforme, qui est un enjeu crucial pour l’avenir du pays.