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Au Maroc, la « beldiya » tente de résister aux variétés de cannabis importées

Au Maroc, la « beldiya » tente de résister aux variétés de cannabis importées



Le cannabis est une culture importante dans le Rif, au nord du Maroc, où les champs s’étendent jusque sur le mont Tidirhine. En ce début de printemps, la terre est à nu, récemment labourée, dans l’attente de pluies pour semer les graines. Les fleurs seront récoltées en août, produisant une variété locale nommée « beldiya ». Cette plante a été cultivée depuis des siècles, utilisée pour des choses telles que l’huile qui soignait les maladies de peau, le tissu, les cordes, les paniers et, pour certains, fumée séchée et mélangée à du tabac dans des pipes « sebsi ». La beldiya est opposée aux variétés hybrides importées telles que « gaouriya » et « roumiya », qui ont un taux de THC beaucoup plus élevé et une croissance rapide, mais ont un fort impact écologique. Au fil des ans, ces variétés ont envahi la région du Rif, supplantant peu à peu la beldiya.

En 2021, le Maroc a adopté une loi autorisant l’usage de la plante à des fins médicales et industrielles, une fierté pour Abdellatif Adebibe, 70 ans, cultivateur de cannabis et président de l’Association pour le développement du Rif central. Il a fait le tour du monde jusqu’à la tribune des Nations unies pour défendre sa légalisation et estime que l’on doit réhabiliter la beldiya si l’on veut placer l’homme et son terroir au centre du projet.

Des scientifiques marocains se sont interrogés sur la survie de la variété locale, car des années d’hybridation et de croisements incontrôlés ont altéré les caractéristiques de la beldiya. En 2021, l’Institut national de la recherche agronomique (INRA) a lancé un programme de recherche pour identifier et caractériser les variétés locales de cannabis, dans le but de préserver leur patrimoine génétique et de les inscrire au catalogue officiel des variétés marocaines. Cela permettra de préserver l’adaptation de la plante au climat et à l’environnement, et de continuer à cultiver de manière durable et autonome dans la région du Rif. Les industriels marocains souhaitent aussi préserver cette variété locale, car cela pourrait être un atout pour le Maroc dans un marché mondial concurrentiel.

En cultivant la beldiya, les agriculteurs n’ont pas besoin de forer des puits toujours plus profonds pour l’irrigation, car elle peut être cultivée sans utiliser l’irrigation. Cela rend la variété plus résistante aux sécheresses répétées que subit le Maroc. Les nouvelles variétés hybrides nécessitent beaucoup d’irrigation, ce qui ne fait qu’aggraver la crise écologique dans le Rif. Les agriculteurs n’ont souvent pas les moyens d’irriguer correctement leurs champs, conduisant à une guerre de l’eau entre les cultivateurs qui drainent de grandes quantités dans les rivières et les nappes phréatiques, et ceux qui n’en ont pas les moyens.

De toute évidence, préserver l’adaptation de la plante locale au climat et à l’environnement est une priorité pour la filière légale de cannabis et pour le développement durable de la région du Rif. Les scientifiques marocains espèrent que leur programme de recherche pourra aider à préserver la variété locale et à l’inscrire au catalogue officiel des variétés marocaines. Les industriels marocains se mobilisent également pour préserver cette variété unique et préconisent une appellation d’origine contrôlée, qui garantirait la qualité supérieure et la responsabilité écologique et sociale de cette variété. Préserver cette variété locale est donc, de toute évidence, essentiel pour l’avenir de la région du Rif et de la filière légale de cannabis au Maroc.

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