Ce 2 avril, les Bulgares ont voté pour des élections anticipées, marquant un record absolu dans l’histoire récente du pays avec cinq scrutins en deux ans. Le résultat de ces élections semble similaire à celui de novembre 2022, avec une histoire de vainqueur sans nouveau gouvernement. Le parti de l’inamovible Boïko Borissov de Citoyens pour un développement européen de la Bulgarie (Gerb) a remporté les élections avec 26,47% des voix, suivi par Nous poursuivons le changement-Bulgarie démocratique (PP-DB) avec 24,96%. Le parti ultranationaliste et antieuropéen Vazrajdané est arrivé en troisième position avec 14,4% des voix. Le Mouvement pour les droits et les libertés (DPS) représentant les intérêts de la communauté musulmane et turque du pays recueille 13% des voix, tandis que le PS bulgare ne recueille que 9%.
Ces résultats montrent que la formation d’un nouveau gouvernement est difficile. Les politologues bulgares qualifient la victoire du Gerb de difficile à mettre en œuvre. Vazrajdané profite du vide du pouvoir pour s’enrichir et il est peut-être l’élément le plus troublant de l’élection. Boïko Borissov a stabilisé son parti qui reste solidement ancré en province, le DPS ayant toujours soutenu le Gerb.
Cependant, toutes les autres parties présentes dans le nouveau parlement bulgare se sont déclarées contre le modèle Borissov synonyme de corruption et de conflits d’intérêts. Toute alliance avec le Gerb serait considérée comme un renoncement à leur engagement contre la corruption. Pourtant, certaines voix appellent à faire un compromis historique pour préserver l’orientation européenne et atlantiste de la Bulgarie. Le professeur de philosophie politique Deïan Kiouranov a déclaré qu’il faut peut-être faire de tels compromis lorsqu’un parti est ouvertement prorusse et un autre générateur de chaos.
En somme, il faut renoncer à la lutte contre la corruption pour que la Bulgarie ne redevienne pas un vassal de la Russie. Boïko Borissov s’est affirmé en pro-européen et atlantiste convaincu et a tendu la main à plusieurs reprises à la coalition pro-occidentale formée autour de l’ancien Premier ministre Kiril Petkov qui avait fait de la lutte contre le modèle Borissov sa raison d’être. La balle est désormais dans leur camp.
