Vous l’avez sans doute constaté dans les rayons de votre supermarché : la moutarde est devenue une denrée rare depuis quelques mois. Cette pénurie s’explique d’abord par la sécheresse qui a touché l’été dernier le Canada, premier producteur mondial de graines de moutarde, puis par la guerre en Ukraine, autre exportateur. Pourtant, certaines usines locales tirent leur épingle du jeu et profitent même de cette crise.
30% de chiffre d’affaires en plus
En ce moment, la chaîne de production de l’usine Alélor, à Mietesheim dans le Bas-Rhin, tourne à plein régime. Les cartons de commandes s’entassent dans l’entrepôt, la cadence de travail des vingt salariés a été augmentée. Cette PME familiale, vieille de près de 150 ans, a un secret pour éviter la pénurie et même en profiter : travailler en partenariat avec des agriculteurs de la région. « Nous avons effectivement 60% de graines locales dans notre fabrication », confirme Alain Trautmann, dirigeant d’Alélor.
Et avec cette pénurie mondiale, il a gagné de nouveaux clients : « La grande distribution s’est retrouvé le bec dans l’eau, avec des grands groupes internationaux qui ne pouvaient plus fabriquer et livrer », raconte-t-il. « On est passés de 4 à 6 millions d’euros de chiffre d’affaires et nous connaissons actuellement une croissance de 30%. À ce rythme-là, on sera à 60% à la fin de l’année », se réjouit-il.
Trois fois plus de clients en boutique
Ce succès, Cédric, responsable de la boutique d’usine, le constate aussi : trois fois plus de clients viennent ici depuis le mois de mai. « On fait le plein tous les jours pour remplir les rayons du magasin qui se vident très vite », explique-t-il. « Je m’occupe aussi de la boutique en ligne et on peut recevoir une centaine de commandes en deux jours, contre trois ou quatre auparavant », ajoute le vendeur.
Vers un agrandissement des locaux
Patrick, un habitant du coin, vient justement faire le plein pour lui et sa fille qui vit à Paris. « Elle n’arrive pas à trouver de moutarde là-bas », dit-il, incrédule. « C’est devenu une denrée rare ! Alors, je viens ici parce que c’est local et qu’il y a encore du stock. » Confiant dans l’avenir, le dirigeant d’Alélor prévoit d’agrandir ses locaux. Même après la pénurie, il est certain que sa PME continuera sur sa bonne lancée.