Le gouvernement d’Elisabeth Borne n’est pas tombé. Ni les deux motions de censure déposées par la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes) ni celle défendue par le Rassemblement national (RN) n’ont obtenu, lundi 24 octobre, de majorité absolue – 289 voix – prérequis pour renverser la première ministre. Ces motions de censure étaient consécutives aux deux 49.3 engagés par l’exécutif, mercredi puis jeudi, sur la première partie du projet de loi de finances (PLF) et une partie du budget de la Sécurité sociale. Avec 239 voix en sa faveur, la motion de la Nupes sur le PLF est celle qui a obtenu le plus de voix. Or ce résultat s’est révélé insuffisant, entérinant par là même l’adoption en première lecture des deux textes où le gouvernement a engagé sa responsabilité. A l’annonce du résultat, la gauche s’est néanmoins félicitée d’un score important qui fragilise, selon elle, l’exécutif. « Il n’aura manqué que cinquante voix pour censurer le gouvernement. Macron et Borne sont plus faibles que jamais », s’est réjoui le député « insoumis » des Bouches-du-Rhône, Manuel Bompard.
Si l’échec de ces motions était prévisible, la présidente du groupe RN, Marine Le Pen, a créé la stupéfaction dans l’Hémicycle en annonçant durant son discours le soutien des 89 élus d’extrême droite à la motion de censure portée par les 151 députés de la Nupes sur le budget. Après avoir entretenu l’ambiguïté sur sa position, la députée RN du Pas-de-Calais a justifié son choix par « l’intérêt national » et « les termes acceptables » de la motion déposée par la gauche, sous le regard interdit des élus de la Nupes. « Nous ne construirons jamais de majorité avec le Rassemblement national et nous ne voterons jamais de motion de censure d’extrême droite », a réaffirmé le président du groupe socialiste Boris Vallaud. La motion du RN a ainsi obtenu 90 voix dont une de la France Insoumise, celle de l’élu de Martinique, Jean-Philippe Nilor.
Ce vote commun de la Nupes et du RN a ensuite été conspué par la droite et la coalition présidentielle prompte à dénoncer « une alliance contre-nature » qui ne constitue pas « une majorité alternative pour gouverner ». « Est-ce à dire qu’une alliance [pour renverser le gouvernement] peut se passer de valeurs communes, de convictions partagées, d’ambitions cohérentes ? », a interrogé Elisabeth Borne.
Le piège de l’extrême droite
En annonçant le ralliement de son groupe à la motion de la gauche, Marine Le Pen a également cherché à piéger les députés Les Républicains (LR). Si le groupe dirigé par Olivier Marleix s’est toujours revendiqué comme un groupe d’opposition, et avait annoncé dès cet été son intention de ne pas voter les textes budgétaires, le parti de droite a refusé de voter les motions de censure venant de la gauche et de l’extrême droite. Or avec 62 députés, le groupe LR avait la possibilité, en votant le texte de la Nupes aux côtés du RN, de renverser le gouvernement d’Elisabeth Borne. « Désormais, il n’y a plus aucun doute : [Les Républicains] sont les alliés d’Emmanuel Macron », a attaqué Marine Le Pen.
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