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A Cotonou et à Lomé, les motos électriques gagnent du terrain

A Cotonou et à Lomé, les motos électriques gagnent du terrain


Des motos-taxis à Cotonou, en avril 2021.

Pour se déplacer dans la ville de Cotonou où elle tient son atelier, Edwige Govi, coiffeuse de 26 ans, ne jure plus que par les motos électriques, nouvelles venues en plein essor dans la capitale économique du Bénin. « Elles sont très silencieuses et ne fument pas », assure la jeune femme, qui vient d’achever sa course de moto-taxi. A l’avant, Octave, son conducteur abonde : « Tu t’assoies et tu gazes ! » Et financièrement, « j’arrive à m’en sortir », précise-t-il, un gilet vert et jaune sur les épaules. « Je rentabilise plus qu’avec ma moto mécanique. »

Les motos-taxis sont populaires dans toute l’Afrique de l’Ouest mais, au Bénin et au Togo, les conducteurs et les clients troquent de plus en plus les motos à essence pour des motos électriques, plus respectueuses de l’environnement et surtout moins chères à l’usage et pour la maintenance. « Le premier avantage de ce type d’engins, c’est la réduction de la pollution atmosphérique car ils n’utilisent pas de carburant », assure l’environnementaliste Murielle Hozanhekpon.

Dans les villes africaines, la pollution atmosphérique, notamment provoquée par le trafic routier, est l’une des premières causes de décès et donc un enjeu majeur de santé publique. Dans les faits, les acheteurs se tournent vers les motos électriques davantage parce qu’elles coûtent moins cher, assure Alain Tossounon, journaliste spécialiste des questions environnementales.

Panneaux solaires offerts

D’autant que le continent est confronté à l’explosion des prix du carburant provoquée notamment par l’invasion russe en Ukraine. La possibilité de payer à crédit directement auprès du concessionnaire explique aussi cette poussée vers les modèles électriques, explique M. Tossounon. Fascinés par ces « motos silencieuses », de nombreux adeptes ont eu recours au crédit avec un règlement journalier, hebdomadaire ou mensuel.

Au Bénin, une moto électrique coûte presque le même prix qu’une moto à essence, aux alentours de 490 000 francs CFA (quelque 750 euros). La compétitivité des motos-taxis s’explique notamment par l’exonération de la TVA et des droits de douane sur les véhicules hybrides et électriques, une mesure des autorités béninoises visant à favoriser le passage à l’électrique.

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Depuis quelques mois à Cotonou, deux entreprises proposent des modèles électriques et disent crouler sous les demandes. « La file d’attente ici, c’est du matin au soir. Chaque heure, au moins deux sortent de la boutique », confie Anicet Takalodjou, commercial dans l’une des boutiques de vente.

Oloufounmi Koucoï, 38 ans, directeur d’une autre entreprise qui livre ces motos à Cotonou, affirme : « Nous avons des milliers de motos électriques en circulation et le nombre croît chaque jour. » En assemblant les motos localement au Bénin, ses motos électriques sont moins chères que si elles avaient été importées déjà assemblées, précise-t-il. Pour appâter la clientèle, son entreprise, Zed-Motors, offre des panneaux solaires pour faciliter la recharge à ceux qui ne disposent pas de l’électricité chez eux.

Des stations de recharge

Durant des décennies, le Bénin et son économie ont été largement handicapés par des délestages quotidiens. Ces dernières années, la situation s’est améliorée en ville même si les coupures d’électricité restent courantes. Mais dans les zones périurbaines et rurales, l’électricité reste largement inaccessible. De quoi fortement limiter le développement de l’électrique dans le pays.

A Lomé, capitale du Togo, Octave de Souza parade fièrement dans les rues sur sa moto électrique verte flambant neuve. Un point en particulier le rend heureux : ne plus avoir à faire de vidange. « Tout ce que vous devez faire, c’est changer la batterie, sourit-il. Il y a des points de vente, vous allez là-bas et on vous échange ça. C’est à 1 000 francs CFA [1,50 euro] l’unité. » Une batterie électrique lui permet de tenir trois à quatre jours de course.

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D’autres se méfient des modèles électriques. Koffi Abotsi, chauffeur de taxi, évoque par exemple le « stress » de devoir trouver rapidement une station de recharge pour ne pas tomber en panne. « Cela nous amène parfois à échanger [la batterie] même avec 10 ou 15 % de charge restante afin de ne pas avoir de mauvaise surprise en cours de route », souligne-t-il.

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Le Monde avec AFP

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