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Au Venezuela, le président Maduro investi pour un troisième mandat, “un coup d’Etat” selon l’opposition


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Nicolas Maduro, à Caracas, le 10 janvier 2025.  MATIAS DELACROIX/AP/SIPA

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« Je le jure » : le président vénézuélien sortant Nicolas Maduro, fort du soutien de l’armée et d’une administration aux ordres, a prêté serment vendredi 10 janvier pour un troisième mandat de six ans lors d’une cérémonie qualifiée de « coup d’Etat » par l’opposition, qui revendique la victoire à la présidentielle de juillet.


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« Je jure que ce nouveau mandat présidentiel sera celui de la paix, de la prospérité, de l’égalité et de la nouvelle démocratie. Je le jure par l’histoire, je le jure sur ma vie. Je tiendrai parole ! », a-t-il lancé devant le président de l’Assemblée Jorge Rodriguez qui a ensuite déclaré : « Vous êtes investi comme président constitutionnel ». Nicolas Maduro a qualifié son investiture de « victoire de la démocratie ».


Nicolas Maduro est arrivé au Palais de l’Assemblée nationale vers 10h30 locales (14H30 GMT), passant entre une haie de soldats en tenue de gala avant d’entrer dans le bâtiment où il a longuement serré les deux mains du président cubain Miguel Diaz-Canel, l’un des rares chefs d’Etat présents, signe de son isolement international. La plupart des personnalités du pouvoir, dont le ministre de l’Intérieur Diosdado Cabello ou le ministre de la Défense Vladimir Padrino Lopez, personnages-clefs dans la répression des troubles post-électoraux, étaient aussi là.


« Un coup d’État a été accompli »


« Un coup d’État a été accompli », a aussitôt réagi la principale coalition d’opposition, Plataforma Unitaria, dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux. La coalition évoque « l’usurpation du pouvoir par Nicolas Maduro (…), soutenu par la force brute et ignorant la souveraineté populaire exprimée avec force le 28 juillet ». « C’est Edmundo Gonzalez Urrutia », le candidat de l’opposition lors du scrutin présidentiel, « qui doit être investi aujourd’hui ou demain (…) La volonté du peuple se fera respecter », conclut le texte.


Les Etats-Unis ont dénoncé vendredi le « simulacre » de l’investiture de Nicolas Maduro et imposé de nouvelles sanctions contre Caracas, portant notamment à 25 millions de dollars la récompense pour toute information permettant de traduire le dirigeant vénézuelien en justice. Nicolas Maduro n’a « aucune légitimité démocratique », a estimé la cheffe de la diplomatie européenne Kaja Kallas. « L’Union européenne est aux côtés de de ceux qui défendent les valeurs démocratiques au Venezuela », a-t-elle ajouté dans un communiqué au nom des 27.



La zone de l’Assemblée dans le centre de Caracas était quadrillée par les forces de l’ordre alors que la télévision publique diffusait des images de centaines de partisans de Nicolas Maduro défilant dans les rues pour célébrer son investiture.


Le pouvoir a fait fermer vendredi à l’aube la frontière avec la Colombie, invoquant un « complot international visant à troubler la paix des Vénézuéliens ». La cérémonie d’investiture intervient au lendemain de manifestations de l’opposition qui conteste la victoire du chef de l’État socialiste de 62 ans à l’élection du 28 juillet, dont la proclamation a été suivie de troubles meurtriers et de milliers d’arrestations.


Le candidat de l’opposition Edmundo Gonzalez Urrutia assure avoir remporté ce scrutin et a répété jeudi, en République dominicaine, à une heure d’avion de Caracas, qu’il était le « président élu ». Sans faire plier celui qui a succédé en 2013 à Hugo Chavez et dirige depuis le Venezuela d’une main de fer.


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« El 10, juro con Maduro por el futuro ! » (le 10, je prête serment avec Maduro pour l’avenir) : le slogan avait été placardé sur de nombreux murs pendant des semaines. Jeudi, le pouvoir a enfoncé le clou, avec une marche de soutien au président sortant qui a traversé une partie de la capitale.


« Enlèvement » ?


La manifestation de l’opposition jeudi a réuni des milliers de personnes qui criaient « nous n’avons pas peur ! » ou tenaient des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « la liberté ne se mendie pas, elle se conquiert ».


Elle a donné lieu à une certaine confusion en fin de journée quand l’opposition a annoncé la « violente » arrestation de sa cheffe Maria Corina Machado, puis sa libération. Le pouvoir a démenti cette version des faits, le procureur général Tarek William Saab dénonçant « une opération psychologique en vue de déclencher la violence au Venezuela ».


La cheffe de l’opposition vivait dans la clandestinité depuis la présidentielle à laquelle elle n’avait pas pu se présenter parce que déclarée inéligible. Elle a soutenu la candidature de Edmundo Gonzalez Urrutia, qui s’est quant à lui exilé en septembre.


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Le Conseil national électoral (CNE) a proclamé Nicolas Maduro vainqueur avec 52 % des voix mais sans publier les procès-verbaux, se disant victime d’un piratage informatique, une hypothèse jugée peu crédible par de nombreux observateurs.


L’annonce du CNE avait provoqué dans tout le Venezuela des manifestations, durement réprimées. Bilan des troubles post-électoraux : 28 morts, plus de 200 blessés et 2.400 personnes arrêtées pour « terrorisme ». Une vague d’arrestations a également eu lieu dans les jours qui ont précédé l’investiture du chef de l’Etat.


L’armée, pilier du pouvoir


Comme pendant les manifestations de 2014, 2017 et 2019, qui ont fait plus de 200 morts, Nicolas Maduro a pu compter sur le soutien de l’armée, un pilier de son pouvoir, ainsi que sur une justice aux ordres.


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« Le secteur militaire est encore plus crucial qu’il ne l’était avant l’élection (…). Sans le contrôle des institutions militaires, le gouvernement se retrouverait avec un pouvoir extrêmement précaire », explique Mariano de Alba, un analyste spécialiste des relations internationales travaillant à Londres.


Le président socialiste, qui a promis au cours de sa campagne électorale une amélioration de la situation économique, devra trouver des solutions pour renouer avec la croissance, le Venezuela ayant enregistré une contraction de son PIB de 80 % entre 2013 et 2023.


Isolé sur le plan international, il lui sera difficile de faire lever les sanctions qu’il devra donc tenter de contourner afin que son pays puisse exploiter ses immenses réserves pétrolières sans avoir à les brader en raison de l’embargo.

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