La situation de l’industrie nucléaire française est actuellement soumise à des suspensions de recrutement, alors même que le secteur se prépare à des embauches massives. En effet, EDF, l’un des fournisseurs d’énergie les plus importants en France, a décidé de geler ses recrutements. Selon un article de L’Informé publié le 12 avril, la direction des ressources humaines a demandé un état des lieux à l’interne, par secteur (nucléaire, hydraulique, thermique, éolien…), et la suspension pourrait courir sur plusieurs semaines. Cela intervient à un moment où l’industrie nucléaire française prévoit de prolonger l’utilisation de ses réacteurs actuels et d’entamer six nouveaux chantiers.
EDF a reconnu cette suspension, mais n’a fourni aucun détail à cet égard. Selon les dirigeants de la société, cette pause est due aux finances dégradées, avec une perte record de 17,9 milliards d’euros en 2022, principalement due à une baisse de la production nucléaire et au bouclier tarifaire du gouvernement. En effet, l’État actionnaire a obligé EDF à brader encore plus d’électricité que prévu à ses concurrents, au nom de l’accès régulé à l’électricité nucléaire historique (ARENH).
Les grèves reconductibles contre la réforme des retraites sont également responsables de baisses de production d’énergie, entraînant une perte d’environ un milliard d’euros depuis mars. Les retombées de cette grève se sont ajoutées aux pertes financières d’EDF.
Initialement, l’énergéticien prévoyait de recruter entre 3 000 et 3 500 personnes en France en 2023, mais le nombre exact d’embauches effectuées au premier trimestre ou consacré au secteur nucléaire n’a pas été divulgué. Les salariés de l’entreprise sont dans le flou, craignant une manœuvre de la direction. Philippe Page Le Mérour, secrétaire général du comité social et économique central d’EDF pour la CGT, déclare que l’instance officielle des représentants du personnel n’a eu aucune information à ce jour, sauf celle lue dans la presse. L’intersyndicale affirme qu’un quart du personnel censé être présent (hors congés, entre autres) était encore en grève le 13 avril, tandis que le service communication préférait mentionner un taux de 20 %, prenant en compte l’effectif total.
Cependant, Amélie Henri, déléguée syndicale centrale de la CFE-CGC, ignore pourquoi EDF a décidé de geler les embauches. Selon elle, « Geler les embauches n’a vraiment aucun sens au regard de nos enjeux industriels ». Cette situation devrait toucher principalement les jeunes ingénieurs diplômés, avec des conséquences directes sur la compétitivité de l’industrie nucléaire française à long terme.
Malgré le flou entourant la suspension des recrutements chez EDF, les conséquences pour l’industrie nucléaire française pourraient être lourdes. Alors que le secteur se prépare à de nouveaux chantiers et à la prolongation d’utilisation de ses réacteurs, cette inquiétude est largement partagée par les différents acteurs de l’industrie.