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La mort de la syndicaliste Lydia Brovelli

La mort de la syndicaliste Lydia Brovelli



Lydia Brovelli, figure emblématique de la CGT, est décédée à l’âge de 73 ans le 8 avril dernier des suites d’un cancer du pancréas. Elle avait été secrétaire confédérale de la CGT de 1982 à 2001, incarnant une aile moderniste voire rénovatrice, et se montrant très indépendante d’esprit, comme en témoignent les souvenirs de militants ayant travaillé à ses côtés.

Unique enfant de Giacomo Zumelli, tailleur ayant fui l’Allemagne après s’être évadé d’un camp de prisonniers, et de Micheline Guittard, culottière, Lydia Zumelli est née le 10 novembre 1949 à Fontenay-sous-Bois dans le Val-de-Marne, où ses parents tenaient un atelier de confection. Elle a étudié à Nogent-sur-Marne, dans un quartier où les Italiens étaient nombreux mais où elle a néanmoins subi quelques propos xénophobes. Elle a toujours revendiqué fièrement sa « moitié italienne ».

Elle a commencé des études de droit public en 1968 à la faculté d’Assas et a obtenu une maîtrise en 1971. Elle a adhéré à l’Union nationale des étudiants de France et a épousé Jean-Pierre Brovelli, professeur agrégé d’économie, avec lequel elle a eu deux enfants avant de divorcer en 1989.

En 1971, elle est devenue cadre d’assurances à la Providence et a rejoint la CGT un an plus tard. En tant que déléguée syndicale, elle a défendu les horaires variables mis en place suite à un référendum, allant à l’encontre de sa fédération. Elle a ainsi pu mesurer l’écart entre les positions du syndicat et les attentes des salariés, en particulier des femmes.

En 1982, elle a été appelée au bureau confédéral de la CGT par Henri Krasucki, après avoir été proche d’Alain Obadia. Elle y est restée jusqu’en 2001, s’occupant notamment du cadre de vie et de l’enseignement, créant la revue IJKL destinée aux enseignants et prenant en charge la formation. De 1984 à 2001, elle a siégé au Conseil économique et social, présidant la section du travail.

Femme de caractère, Lydia Brovelli a pu imposer ses conditions pour devenir permanente, notamment échapper au secteur femmes et continuer à être rémunérée par son entreprise, faisant ainsi preuve d’indépendance. Elle a également prôné la fin de la double casquette CGT-PCF pour les dirigeants, la sortie de la Fédération syndicale mondiale et l’abandon des consignes de vote lors des scrutins politiques.

En juin 1985, devant le comité confédéral national, elle a vivement critiqué le gouvernement Fabius, en dénonçant la désindustrialisation, la dégradation de l’emploi et du pouvoir d’achat, la répression et l’amplification de la lutte idéologique, sans répondre aux demandes du Parti communiste français qui souhaitait que l’on mette en avant son étiquette « socialiste ».

Lydia Brovelli incarnait ainsi une aile moderniste et progressiste de la CGT qui était moins axée sur les traditions du parti communiste, et avait pu montrer un certain pragmatisme consensuel lors des luttes syndicales. Sa disparition est donc une perte pour la CGT et pour le mouvement syndical français.

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