Le gouvernement français a demandé à l’EDF d’étudier l’augmentation de la puissance du parc nucléaire français, en collaboration avec l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN). Agnès Pannier-Runacher, Ministre de la Transition énergétique, a confirmé cette information à l’AFP, après s’être exprimée dans Le Monde. Elle a déclaré que les réacteurs nucléaires ne sont pas utilisés pleinement, à cause de différentes raisons comme la maintenance et la corrosion, et que cette augmentation de puissance ferait partie des mesures visant à accroître la production d’énergie décarbonée en France et donc dans la politique de relance de la filière nucléaire française.
La décision de lancer une étude pour accroître les capacités des 56 réacteurs existants a été prise le 3 février lors d’un « Conseil de politique nucléaire » réuni par le Président de la République Emmanuel Macron. Cette étude sera menée d’ici fin 2023 et fera l’objet d’un point d’étape au Conseil de politique nucléaire de fin d’année, selon le ministère. Cette augmentation des capacités des réacteurs existants fait partie des pistes étudiées par le gouvernement et EDF pour accroître la production du parc actuel, indépendamment donc de la construction de six réacteurs EPR de nouvelle génération, dont le premier n’est pas attendu avant 2035-2037, au mieux.
La hausse de la production du parc actuel est nécessaire pour EDF, qui est en voie de renationalisation complète. Depuis quelques années, la production nucléaire d’EDF recule jusqu’à atteindre un niveau historiquement bas de 279 térawattheures (TWh) en 2022, à cause des travaux liés à des problèmes de corrosion. Cette mesure d’augmentation de puissance « pourra contribuer à augmenter la production d’électricité nucléaire, qui reste encore inférieure à son potentiel », a estimé le ministère.
Le gouvernement précise que l’étude portera sur l’ensemble des trois paliers de réacteurs nucléaires existants, qui fournissent l’essentiel de leur courant aux Français: les paliers de 900 MW, et les plus récents de 1 300 MW et 1 450 MW. Agnès Pannier-Runacher soulignait au quotidien Les Échos que « accroître la production de 3% sur 60 GW (la puissance installée totale du parc nucléaire) cela correspond à deux réacteurs ».
Le calendrier ne sera pas simple à respecter. Il y a un mois, EDF découvrait de nouvelles fissures suspectes dans la centrale de Penly en Seine-Maritime. Même si l’énergéticien a indiqué, à ce stade, qu’effectuer de nouveaux contrôles ne retardera pas le calendrier de remise en route des réacteurs.
La Ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher a défendu mardi la mise en place d’un « plan Marshall des compétences » qui devrait créer « 10 000 nouveaux emplois par an », lors d’une visite à Méréville (Essonne) pour rencontrer les forgerons qui contribuent à construire des réacteurs nucléaires.