En attendant, la BD ne se porte pas si mal. « Après une année 2021 qui avait battu tous les records, le marché de la bande dessinée en France se maintient en 2022, dans un contexte macroéconomique compliqué, note GfK dans son bilan sur la BD. Faisant suite à une année « Astérix« , les ventes en volume s’établissent à 84,6 millions d’exemplaires, enregistrant un léger recul (-3%) alors que le chiffre d’affaires est globalement stable (-0,4%) à 921m€. Malgré l’évolution de l’inflation et la crise du papier, le prix moyen constaté à 10,90€ ne progresse que de 3% par rapport à celui de 2021, sans qu’aucun des segments n’apparaisse comme plus impacté. » La période est en effet atypique. Après deux ans de ventes exceptionnelles pour cause de covid, de confinement et d’arrêt des spectacles vivants, les ventes de BD connaissent une relative décroissance. Pas de panique pour autant, la croissance a été de près de 40% depuis 2019 pour certains éditeurs comme Bamboo, 135% chez Ki-oon, 100% chez Kana (Lombard). Le prix des albums a été pénalisé par l’augmentation du prix du papier qui a doublé depuis 2021 et par celle de l’énergie.
Percée de la BD documentaire
L’année 2022 a pourtant vu surgir un phénomène que personne n’attendait : « Le monde sans fin » de Jean-Marc Jancovici, consacré à l’urgence climatique, s’est imposé comme le livre le plus vendu de l’année selon le baromètre GfK Livres-hebdo avec près de 780 000 exemplaires.Si le succès est exceptionnel, il illustre une tendance lourde, la BD-documentaire. Les titres « sérieux » pullulent, depuis les enquêtes politiques (Très chers élus, 40 ans de financement politique, chez Delcourt), les scandales (Mediator, un crime chimiquement pur, chez Delcourt), les conflits (L’attentat, sur le conflit israélo-palestinien, chez Glénat), la vulgarisation scientifique voire le parascolaire (La physique en BD, Les maths en BD chez Larousse). La Revue Dessinée en 2013, est même devenue une référence en matière de journalisme en bande dessinée, notamment avec » Algues vertes « , vendus à plus de 100.000 exemplaires, qui dénonce l’inaction des élus et des pouvoirs publics pour enrayer un phénomène responsable de plusieurs morts. Pierre Jolivet est en train de réaliser un film d’après la BD. De son côté, « Capital et Idéologie, Thomas PIketty en BD, atteint 80.000 exemplaires tandis que Géostratégix, de Pascal Boniface a été tiré à 25.000 exemplaires.
Les mangas dominent le marché
Le marché continue d’être entraîné par le segment des Mangas, qui confirme sa très bonne santé avec plus de 48 millions d’exemplaires vendus (+2% par rapport à l’année précédente) et représente, comme en 2021, plus d’une bande dessinée vendue sur deux en France. Si le nombre de publications a explosé, la concentration est bien présente : ce sont huit auteurs japonais (comme Tatsuya Endo, Eiichiro Oda, Masashi Kishimoto) qui cumulent près de la moitié des ventes. Chez Dargaud, la moitié du chiffre d’affaires vient des Mangas. Parmi les explications du succès, l’impact des plateformes de streaming qui ont boosté les ventes au moment du confinement et dont le succès ne s’est pas démenti en 2022.
Polémique
Le festival ne peut échapper à des polémiques visant certains auteurs comme Bastien Vivès et deux de ses éditeurs (Glénat et Requins Marteaux) accusés de faire la promotion de la pédopornographie. Du coup, le festival d’Angoulême a eu peur des activistes et annulé l’exposition consacrée à Bastien Vivès.