Reviendra, reviendra pas ? L’état de santé de Choguel Kokalla Maïga, qui était au repos forcé durant ces quatre derniers mois, faisait l’objet de toutes les spéculations. Il y a dix jours, la première apparition publique du chef du gouvernement malien, victime d’un accident vasculaire cérébral (AVC) en août, avait relancé les paris.
Ce 4 décembre, Assimi Goïta, le président de la transition, a tranché. Sur les ondes de la télévision nationale, Mamadou Oulale, le secrétaire général de la présidence, a lu un texte abrogeant le décret qui, à la fin d’août, avait fait du colonel Abdoulaye Maïga le Premier ministre par intérim.
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La nomination de Choguel Maïga à la tête du gouvernement n’ayant jamais été annulée, ce dernier reprend, de facto, ses fonctions. Bien que l’annonce, faite au nom d’Assimi Goïta, ne cite pas expressément Choguel Maïga, celui-ci a lui-même fait savoir, sur les réseaux sociaux, qu’il reprenait ses activités.
https://twitter.com/ChoguelKMaiga/status/1599757045896425472/photo/2
Vice-Premier ministre
Figure de proue des autorités de la transition, volontiers populiste, Choguel Maïga pourrait de nouveau partager le haut de l’affiche avec le colonel Abdoulaye Maïga, qui conserve le portefeuille de l’Administration territoriale et demeure le porte-parole du gouvernement. Une fonction pour laquelle le gradé s’était largement inspiré du style incisif de Choguel Maïga, notamment lorsqu’il décochait des flèches contre la France et la Cedeao à la tribune des Nations unies.
En plus de ses anciens titres, Abdoulaye Maïga est nommé ministre d’État, poste où il pourrait être appelé à assurer « l’intérim du Premier ministre en cas d’absence, d’empêchement ou de vacance ». À Bamako, ce nouveau statut suscite une certaine perplexité. « Abdoulaye Maïga est le premier ministre d’État à être nommé sous cette transition, note un analyste. Cette nomination en fait une sorte de vice-Premier ministre, ce qui peut laisser penser que Choguel est en sursis. »
Bien avant son AVC, Choguel Maïga semblait en perte de vitesse. Très décrié par la classe politique, il avait été confronté à la défection de ses alliés d’hier, avec qui il avait conduit les manifestations contre le régime d’Ibrahim Boubacar Keïta (IBK).
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Au moins d’août dernier, le M5-RFP, dont il est issu, s’était scindé en deux, une partie de ses cadres refusant de reconnaître son autorité au sein du mouvement. Quelques mois plus tôt, la bronca était venue du Conseil national de transition (CNT), présidé par le colonel putschiste Malick Diaw. L’organe, qui fait office d’assemblée législative, avait alors sévèrement critiqué la manière dont Choguel Maïga conduisait son plan d’action gouvernemental (PAG).
Fusible
« La convocation de Choguel Maïga devant le CNT [en avril dernier] a été un signe annonciateur. La junte se rend compte de son échec, et il lui faudra bientôt un fusible », poursuit l’analyste précité. D’autant que les militaires au pouvoir doivent faire face à plusieurs départs de feu. Les préavis de grève se multiplient. Le coût de la vie frappe durement les ménages. L’annonce de la hausse du budget de certaines administrations (présidence, CNT) fait grincer des dents. Enfin, la situation sécuritaire ne cesse de se dégrader : des groupes terroristes font des percées sans précédent, en particulier dans la région de Ménaka (Nord-Est).