Il sait que ses métaphores filées lui valent quelques railleries, mais cela ne l’arrête pas : presque cinq mois après avoir posé ses cartons avenue de Ségur, et accroché sa blouse d’urgentiste au portemanteau, François Braun continue d’user de ce champ lexical qui lui est cher : celui de la médecine. « On ne soignera pas un système de santé à bout de souffle en posant un sparadrap sur une jambe de bois », a-t-il martelé d’un média à l’autre depuis qu’il a succédé à Brigitte Bourguignon, défaite aux législatives, aux premiers jours de juillet.
L’ancien patron du syndicat SAMU-Urgences de France a d’abord dû s’atteler à ce qu’il connaît le mieux : les urgences, en pleine crise au début de l’été. Passé de l’effervescence du centre hospitalier régional de Metz-Thionville, où il dirigeait son propre service, à l’ambiance feutrée d’un vaste bureau d’angle – avec vue sur la tour Eiffel – au septième étage du ministère de la santé, il a mis en œuvre les mesures d’une « mission flash » qu’il avait lui-même pilotée, à la demande de l’exécutif, avant d’intégrer le gouvernement. « Il faut arrêter l’hémorragie [de soignants] pour passer l’été, défendait-il alors, toujours sur cette même ligne sémantique. Le traitement est connu, il faut rédiger l’ordonnance et s’assurer que les médicaments sont bien donnés. »
D’autres éléments de langage, empruntés à l’univers du rugby – son autre passion –, collent aussi au personnage. « Dans le domaine de l’accès à la santé, je souhaite que nous percutions la ligne pour faire les percées que nous attendons depuis trop longtemps », expliquait-il au Mans, le 3 octobre, en concluant la journée de lancement du volet santé du Conseil national de la refondation. Avant d’ajouter : « J’ai toujours préféré la percussion au cadrage débordement. Les amateurs comprendront… »
Une façon de rappeler que l’homme de terrain, prêt à prendre les problèmes à bras-le-corps, est toujours bien présent sous le costume du ministre ? Probablement sait-il les critiques qui l’accompagnent désormais, en cette fin d’automne mouvementé, dans les cercles de soignants, alors que les fronts semblent s’ouvrir les uns après les autres sur les problématiques de santé.
« Dans six mois, ça va aller mieux »
Il y a eu le « lundi noir », le 14 novembre, des laboratoires médicaux entrés en grève. Le « jeudi noir », le 17 novembre, des internes en médecine, mobilisés depuis les premiers jours d’octobre. Il faut aussi compter avec des « vendredis de la colère » auxquels appellent les libéraux, certains envisageant de fermer leur cabinet début décembre.
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