Quand elle a un problème avec son allié américain, l’Union européenne (UE) a toujours du mal à l’admettre. Mais, ces derniers jours, il a fallu qu’elle en convienne : le président Joe Biden, que les Européens étaient tellement soulagés de voir succéder à Donald Trump à la Maison Blanche début 2021, ne leur fait pas de cadeau. Et quand il s’agit de défendre l’économie américaine, il est prêt à sacrifier la leur.
« Au début, on a sous-estimé les conséquences de la stratégie américaine. Mais les Européens commencent à comprendre qu’elle peut avoir un effet désastreux sur notre économie », commente un diplomate européen. Vendredi 25 novembre, les ministres du commerce des Vingt-Sept ont enfin évoqué le sujet.
Forts d’une énergie bon marché qu’ils vendent quatre fois plus cher aux Européens et qui leur donne, depuis le début de la guerre en Ukraine, le 24 février, un avantage compétitif crucial par rapport au Vieux Continent, les Etats-Unis ont aussi décidé de subventionner massivement (369 milliards de dollars, soit 354 milliards d’euros) les produits « verts » made in USA, notamment les voitures électriques, les panneaux solaires et les batteries, dans le cadre de la loi sur la réduction de l’inflation (IRA), qui entrera en vigueur le 1er janvier 2023.
La voie diplomatique privilégiée
Pour les Vingt-Sept, cela signifie, très concrètement, le risque de voir leurs entreprises délaisser le Vieux Continent pour investir outre-Atlantique. L’exode a d’ailleurs déjà commencé. Pour l’heure, la voie diplomatique est privilégiée. Des discussions ont lieu entre Washington et la Commission européenne, qui plaide pour que les Etats-Unis ne discriminent pas, dans leurs subventions, les produits européens – une faveur obtenue par le Canada ou le Mexique.
Afin de laisser une chance à cette voie, les Vingt-Sept sont convenus d’attendre la tenue, le 5 décembre, de la prochaine réunion du Conseil du commerce et des technologies réunissant l’UE et les Etats-Unis. « Les Etats-Unis ne vont pas défaire leur loi. Ils nous disent qu’il y a une marge d’interprétation », confie un diplomate européen, qui n’attend « pas grand-chose » des négociations en cours.
Si une solution à l’amiable ne se dessine pas, « il faudra penser soit à des mesures coercitives, soit à des mesures de soutien à nos entreprises sur le sol européen », juge Olivier Becht, le ministre français délégué chargé du commerce extérieur. La France est l’un des pays les plus offensifs sur le sujet, et son président, Emmanuel Macron, ne manquera pas de faire valoir ses arguments lors de sa visite aux Etats-Unis la semaine prochaine.
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